Maître de chapelle le jour (à Bicêtre, justement, où sa musique eut des effets thérapeutiques imprévus, puis à Saint-Eustache), compositeur d'opérettes et d'ouvrages légers la nuit, Hervé, quelque peu oublié, fut le contemporain et rival d'Offenbach. Le génie mélodique en moins, encore que ses airs soient souvent plaisants ; le goût de l'extrême en plus. Car du calembour au coq à l'âne, de l'absurdité au plus complet "non-sense", Hervé ne sait où s'arrêter. Fait-il allusion à Christine Nilsson et Jean-Baptiste Faure, gloires lyriques de leur époque et créateurs du Hamlet d'Ambroise Thomas, c'est pour affirmer "qu'on ne peut pas faire d'Hamlet sans eux" !. Et le reste à l'avenant.

Après avoir ressuscité V'lan dans l'œil, première mouture de L'Œil crevé, l'équipe de La Péniche s'attaque à des scènes bouffes (Les métamorphoses de Tartempion et, justement, Le Compositeur toqué, cette dernière créée dans le propre théâtre du compositeur-librettiste-chanteur-chef d'orchestre, les Folies Concertantes, aujourd'hui le Déjazet) et à des chansons destinées aux célébrités du music-hall balbutiant, encore appelé café concert. Thérésa, Perrin, Suzanne Lagier se taillèrent, à l'Alcazar et à l'Eldorado, de beaux succès dans ces couplets délirants, repris par Lionel Peintre et Yves Coudray avec un abattage foudroyant. Vincent de Rooster, Edwige Bourdy et la pianiste Corrine Durrous ne leur cèdent en rien. Interprètes et programme varient selon les soirs. La machine à tordre les zygomatiques, elle, ne fait jamais relâche.