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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production des Noces de Figaro de Mozart dans une mise en scène de Martin Kušej, sous la direction de Raphaël Pichon au festival de Salzbourg 2023.
Salzbourg 2023 (3) :
La calme journée
Production honnête des Noces de Figaro où ni la mise en scène sans grand relief de Martin Kušej ni la direction ronronnante de Raphaël Pichon n’électrisent, n’étonnent, ne bousculent, n’émeuvent. Un plateau à l’avenant, où s’illustrent Andrè Schuen et Sabine Devieilhe, et surtout Lea Desandre, ne parvient pas à faire prendre une mayonnaise assez insipide.
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Pas folle, cette journée vue par Martin Kušej. Sans qu’on comprenne bien pourquoi tant de coupures et de modifications dans le livret : nous voilà loin de Séville (Tutta LA TERRA conosce Bartolo), Antonio n’est plus apparenté à Susanna et Barbarina ; tout ce petit monde fait partie de la mafia, Susanna en agent double, Basilio avec son faux étui à guitare et ses instruments de torture, Almaviva qui assassine un gars dans le sous-sol, le finale du II en bataille rangée à coups de revolvers, Bartolo en paparazzo maître-chanteur, Chérubin qui se fait passer à tabac pendant Non più andrai…
Dès l’ouverture, le ton était donné : voilà tous nos protagonistes aux prises avec leur démon, Comtesse alcoolique, Basilio héroïnomane, Curzio complètement camé, Almaviva accro à ses esclaves sexuelles. Pourquoi pas ? Il n’est jamais idiot chez Mozart de questionner le mal-être des personnages. Mais le spectacle ne parvient pas vraiment à en tirer une réelle force, et l’on a le sentiment que cette narration plutôt efficace tourne à vide.
Des ruptures dans les récits, des noirs insérés viennent altérer le rythme auquel on est habitué, mais sans grand résultat. La scénographie, virtuose dans son genre avec ses compartiments mouvants, semble assez vite n’être qu’un gadget – même si le décor de la chambre de la Comtesse ne manque pas de cachet.
Alternant curiosités (rencontre de Susanna et Marcellina aux cabinets…), manifestes (les lancers de linges souillés sous l’orage par les jeunes filles délivrées du droit féodal), décalages (ouverture de rideau au bar, lieu du procès également), artifices pour contourner la convention (rallumage des lumières au jardin pour bien faire comprendre quand quelqu’un a été reconnu), on ne peut pas dire qu’il n’y ait rien à sauver ; mais peu de moments ressortent par leur drôlerie ou leur intensité. Même la noirceur est timide.
Si le Philharmonique de Vienne éblouit totalement par sa matière, notamment la petite harmonie soyeuse et détaillée, on ne peut pas dire que Raphaël Pichon ait apporté autre chose qu’une très belle routine, délicate et léchée, dans des tempi assis, avec une attention aux voix internes. Ce n’est déjà pas si mal, mais on imaginait plus décapant. L’orchestre l’a-t-il emporté sur le chef, que l’on voit souvent demander sans les obtenir des piani aussi périlleux que ceux du plateau ?
Car côté chanteurs, le tout meilleur – Lea Desandre merveilleuse de timbre frémissant et d’impertinence en Cherubino, Andrè Schuen en Comte beau gosse pas insensible, calculateur et pusillanime, éloquent et empathique, Sabine Devieilhe en Susanna au caractère bien trempé, drolatique et délicate – côtoie le fragile – Adriana González en Comtesse à la très belle matière mais au geste lourd, en difficulté dans les nuances intermédiaires, Figaro guttural de Krzysztof Baczyk.
Lassantes, les innombrables ornementations des chanteurs retombent systématiquement après l’orchestre, et le débit de la musique semble ainsi perpétuellement entravé par de coquettes maladresses. À l’image d’un spectacle qui ne parvient pas à décoller.
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Haus fĂĽr Mozart, Salzburg Le 15/08/2023 Thomas COUBRONNE |
| Nouvelle production des Noces de Figaro de Mozart dans une mise en scène de Martin Kušej, sous la direction de Raphaël Pichon au festival de Salzbourg 2023. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Le Nozze di Figaro, dramma giocoso en quatre actes (1786)
Livret de Lorenzo Da Ponte, d’après Le Mariage de Figaro de Beaumarchais
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
direction : Raphaël Pichon
mise en scène : Martin Kušej
décors : Raimund Orfeo Voigt
costumes : Alan Hranitelj
Ă©clairages : Friedrich Rom
préparation des chœurs : Jörn Hinnerk Andresen
Avec :
Andrè Schuen (Il Conte di Almaviva), Adriana González (La Contessa di Almaviva), Sabine Devieilhe (Susanna), Krzysztof Baczyk (Figaro), Lea Desandre (Cherubino), Kristina Hammarström (Marcellina), Peter Kálmán (Bartolo), Manuel Günther (Basilio), Andrew Morstein (Don Curzio), Serafina Starke (Barbarina), Rafal Pawnuk (Antonio). | |
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