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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Création de Kidnapping au concert — Compte rendu musical d'un incident de Mauricio Kagel.
Un incident à reproduire
Une création de Mauricio Kagel n'arrive pas tous les jours. D'autant qu'altamusica y invitait gratuitement ses lecteurs la semaine dernière, à la Cité de la Musique. Mais le meilleur de la soirée ne fut pas tant ce Kidnapping au concert attendu mais un excellent Mitternachtsstük donné en guise de hors-d'oeuvre.
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En entrée, on avait programmé Mitternachtsstük pour voix et instruments, une oeuvre construite sur quatre textes mystiques et lugubres extraits du journal de Robert Schumann. Kagel y affirme un impressionnant don d'illustrateur, joue gentiment avec des accessoires — un arbre, une bouteille d'excellent champagne — assez inhabituels dans l'univers des musiciens mais emblématiques d'un certain théâtre musical dans lequel l'auteur s'est largement illustré.
Un travail vocal irréprochable, un éclairage agréable et suggestif, tout concourait à faire de cette adaptation une réussite si la production s'était souvenue qu'un texte allemand non surtitré passe généralement assez mal. Le livret n'offre qu'une version française des textes, ce qui évidemment ne facilite pas la compréhension des spectateurs non germanophones.
Du côté du fameux Kidnapping au concert — Compte rendu musical d'un incident , on nous promettait un franc délire. Le sujet tout d'abord, offre un potentiel assez incroyable : sur la scène, un choeur, quelques instrumentistes et leur chef attendent près d'un téléphone. Le reste de l'effectif est, semble-t-il, parqué dans une pièce avoisinante, gardé par des gangsters qui communiquent par téléphone avec le chef. Les dialogues sont souvent absurdes et drôles, mais la réalité du drame est constamment rappelée par un ténor hagard qui raconte l'événement avant de se laisser aller à ses propres peurs : le rire alors se fige et l'atmosphère va lentement basculer dans le tragique.
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Évidemment, l'objet a tout pour séduire. D'autant qu'à l'instar de Mitternachtsstük, la réalisation musicale est assez impressionnante. Pourtant, au sortir de la salle, quelques mécontentements se font sentir. On râle ici ou là , non sans arguments. Car à l'exception notable du ténor Christoph Homberger, chacun se contente d'assurer sa partie en musicien très consciencieux : ni le chef (pourtant investi d'un rôle important), ni les instrumentistes — qu'on suppose livrés, comme le ténor, à la plus grande panique — ne semblent concernés par le drame qui se joue.
Tout cela est assez loin des promesses du livret et, plus grave sans doute, à des années lumière de l'idée du théâtre instrumental défendu par l'auteur : une nouvelle forme de représentation qui exige des interprètes une véritable participation musicale et théâtrale, décrite d'ailleurs avec une scrupuleuse minutie. Aurait-on fait plus grand cas de ces didascalies si l'auteur n'avait pas été présent en régie ? A-t-on manqué de répétition ou de bonnes volontés ? Il faudra attendre que l'incident se reproduise pour le savoir.
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Cité de la Musique, Paris Le 21/11/2000 Mathias HEIZMANN |
| Création de Kidnapping au concert — Compte rendu musical d'un incident de Mauricio Kagel. | Mauricio Kagel : Mitternchtsstük pour voix et instruments, sur quatre fragments du journal de Robert Schumann (1)
Kidnapping au concert — Compte rendu musical d'un incident (2)
Nederlands Kamerkoor (1 & 2)
Schoenberg Ensemble (1 & 2)
Reinbert de Leeuw, direction (1 & 2)
Mauricio Kagel, Régie (2)
Avec Ananda Gould, alto (1), Marcel Beekman, ténor (1), Christoph Homberger, ténor (2), David Barick, basse (1)
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