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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Daniel Harding au festival de Salzbourg 2023.
Salzbourg 2023 (7) :
Odyssée Kubrick
Pour le troisième de leurs quatre programmes symphoniques estivaux, les Wiener Philharmoniker proposent une étonnante mise en regard de György Ligeti et Richard Strauss, sous la houlette de Daniel Harding appelé tardivement à remplacer Franz Welser-Möst convalescent. Concert assez fascinant dont le seul dénominateur commun sera finalement Stanley Kubrick.
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Il y a de quoi se réjouir au maintien du programme initial de ce concert dirigé finalement par Daniel Harding, car la mise en regard de Ligeti, dont on fête déjà le centenaire de la naissance, et de Richard Strauss, pilier de la programmation salzbourgeoise, s’avère instructive, aux étonnants dépens du second, qui apparaît ce soir aussi bavard que le premier sonne concentré.
Y compris dans les austères Métamorphoses, où Harding reste en surface du potentiel expressif d’un ouvrage pleurant la mémoire des pierres de l’Opéra de Munich anéanti par un bombardement allié. Soucieux de la seule clarté polyphonique, le maestro britannique ne cherche même pas à maintenir la tension du climax. Et pourtant, quelles cordes que celles du Philharmonique de Vienne, altos de velours et violoncelles de pure magie !
La soirée avait débuté sous d’excellents augures avec les Atmosphères de Ligeti, scrutées dans la légèreté et la plasticité de la matière, en nappes miroitantes où les combinaisons de timbres donnent l’impression d’un rêve éveillé. En début de seconde partie, l’étude préparatoire à Lux Aeterna qu’est Lontano cherchera moins de fondu et davantage de densité, quitte à superposer les doublures plutôt que de les fondre.
On ne dira jamais assez à quel point un orchestre de la trempe des Wiener permet de transcender ces joyaux orchestraux, que le public écoute aux frontières du silence en première partie, en crachotant comme en plein janvier après l’entracte. Éparpillé dans dix concerts et notamment dans des programmes chambristes, l’hommage à Ligeti de Salzbourg 2023 (Zeit mit Ligeti) ne remplacera pas Le Grand Macabre qui s’imposait, mais rivalise de subtilité.
Morceau de bravoure enfin avec un Zarathoustra où Harding lâche les chevaux dès l’Introduction, aux contrebasses diaboliques, aux effets de masse à vous clouer au fauteuil. Ce soir, le surhomme nietzschéen n’est pas le violon solo (Albena Danailova), trop timoré, flegmatique jusqu’à dévitaliser le Chant de la danse, mais le trompettiste Martin Mühlfellner, déchaîné, qui balance des aigus au mordoré unique, manifestement remis du Covid sévère qui avait entamé sa capacité pulmonaire il y a deux ans.
Il faut dire aussi que Harding rapproche le poème symphonique straussien de l’univers de Berlioz, en une espèce de Symphonie fantastique germanique pleine d’impatience, qui n’aime rien tant qu’exalter les contrastes et les passions. Étonnante odyssée instrumentale donc, liée, à l’exception des Métamorphoses, par son emploi dans le cinéma de Stanley Kubrick, de 2001 à Shining.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 21/08/2023 Yannick MILLON |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Daniel Harding au festival de Salzbourg 2023. | Gÿorgy Ligeti (1923-2006)
Atmosphères (1961)
Richard Strauss (1864-1949)
Metamorphosen (1945)
GĂżorgy Ligeti
Lontano (1967)
Richard Strauss
Also sprach Zarathustra (1896)
Wiener Philharmoniker
direction : Daniel Harding | |
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