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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Jakub Hrůša, avec le concours du pianiste Igor Levit au festival de Salzbourg 2023.
Salzbourg 2023 (8) :
Un autre visage
Une semaine après un Mahler épuisant d’énergie avec le GMJO, Jakub Hrůša montre un visage nettement plus consensuel avec le Philharmonique de Vienne, dans un Deuxième Concerto de Brahms où le piano d’Igor Levit, d’une étonnante intériorité, n’est qu’un timbre parmi les timbres, avant une Huitième de Dvořák jamais loin de la routine.
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Commençons par un regret, celui de voir les concerts symphoniques des Wiener à Salzbourg, d’ordinaire programmés les samedis et dimanche à 11h, un horaire idéal où l’orchestre, qui s’épuise beaucoup en fosse pendant cinq semaines de festival, est toujours nettement plus frais, déplacés au dimanche matin et lundi soir 21h. Le dernier programme de cet été (ils étaient cinq jusque-là , ils sont quatre en 2023) n’est même donné qu’un mardi soir, nécessitant trois rangées de spectateurs surnuméraires sur la scène du Großes Festspielhaus.
On n’en reste que plus stupéfait de la tenue globale du Philharmonique de Vienne, sursollicité dans la ville de Mozart et qui, même le lendemain d’une dernière des Noces de Figaro où les musiciens montraient une réelle fatigue, sait faire corps autour d’un ultime programme. Jakub Hrůša, qui exploitait le potentiel explosif de la jeunesse dans la Neuvième de Mahler il y a une semaine, sert ici à l’inverse les ors sénatoriaux des Wiener dans toute leur noblesse d’Empire.
La première phrase du Concerto pour piano n° 2 de Brahms ouverte par un cor quasi cosmique, sans tempo, annonce déjà une durée d’exécution dépassant les cinquante minutes. Une fois le piano fondu dans les chatoiements de l’orchestre, le chef tchèque revient à l’indication Allegro. Plus que jamais pourtant, l’œuvre mérite ce soir la qualification de symphonie avec piano obligé, tant Igor Levit joue en intériorité, jusqu’à l’imperceptible dans les moirures instrumentales, le toucher concentré sur les nuances ténues, jusqu’à donner l’impression de jouer le Deuxième Concerto de Chopin.
L’attitude du pianiste germano-russe au clavier confirme d’ailleurs cette allégeance totale à l’orchestre, la tête baissée vers l’instrument pendant ses interventions, le corps explosif, en transe, le poing frappant sur sa banquette comme s’il dirigeait lui-même lorsque ses mains se taisent. Ce Brahms rivalise de subtilité, de moments suspendus, souvent au détriment de l’avancée, signant une exécution d’une nostalgie incurable, qui refuse jusqu’à la moindre éclaircie du Finale.
Logique implacable en bis avec un Intermezzo op. 118 n° 2 lentissime, murmuré du bout des phalanges, la salle suspendue à ses états d’âme. La Symphonie n° 8 de Dvořák qui occupe la seconde partie du concert, quant à elle, ne sortira jamais d’une glorieuse routine, orchestre transcendant de sonorités pleines, gorgées de lumière, de longueur d’archet, de rubato, là où la partition demande surtout rigueur du tempo, angles saillants, phrasés courts et irrépressible énergie.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 29/08/2023 Yannick MILLON |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Jakub Hrůša, avec le concours du pianiste Igor Levit au festival de Salzbourg 2023. | Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano n° 2 en sib majeur op. 83 (1881)
Igor Levit, piano
AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Symphonie n° 8 en sol majeur op. 88 (1889)
Wiener Philharmoniker
direction : Jakub Hrůša | |
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