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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Version de concert des Troyens de Berlioz mise en espace par Tess Gibbs et sous la direction de Dinis Sousa à l’Opéra royal du Château de Versailles.

De retour Ă  Versailles
© Thomas Deschamps

Les retrouvailles avec Les Troyens incomparables de l’Orchestre révolutionnaire et romantique et du Monteverdi Choir ne déçoivent pas. Dans une salle décuplant la poétique de la musique de Berlioz, une équipe soudée offre de magnifiques incarnations des héros de L’Énéide. Les circonstances font éclater le talent du chef Dinis Sousa.
 

Opéra Royal, Versailles
Le 29/08/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Cela nous avait manquĂ© ! Vingt ans après les cĂ©lèbres reprĂ©sentations au Châtelet, la nouvelle rĂ©alisation troyenne de John Eliot Gardiner fait escale Ă  Versailles. Sans Gardiner, Ă  la suite de la gifle qu’il a portĂ©e sur un des chanteurs quelques jours auparavant. Dinis Sousa, le chef associĂ© Ă  l’Orchestre rĂ©volutionnaire et romantique, a alors pris la baguette pour le reste de la tournĂ©e. Bien sĂ»r, la soirĂ©e rĂ©sulte autant de sa direction que des semaines de prĂ©paration en amont, mais il faut relever une rĂ©ussite exceptionnelle.

    Le chef portugais tient l’ensemble de l’œuvre-monde, de l’électricité des scènes épiques à la poésie des passages intimistes en passant par le pittoresque des ballets, jusqu’à une danse nubienne à l’orientalisme assumé. Il le fait avec allant mais sans précipitation et sans passages à vide, unifiant autant que possible l’ensemble. D’emblée la qualité de prononciation du Chœur Monteverdi sidère une fois de plus. D’autant que l’ensemble ne cède rien en termes d’éloquence et de couleurs.

    L’orchestre montre pour sa part sa familiarité avec l’univers berliozien, et c’est un régal sans pareil que d’entendre l’articulation toute particulière de cette musique souvent délicate et archaïsante. Il faut dire que la taille et l’acoustique de l’Opéra royal de Versailles forment un écrin qui permet d’entendre de nombreux détails noyés dans d’autres salles. Une intelligibilité correcte est aussi la marque d’une équipe de chanteurs choisis avec soin. Seul le Panthée d’Ashley Riches offre un chant un rien dégingandé, tandis que Lionel Lhote ne retrouve pas tout à fait l’éclat de ses Chorèbe passés.

    Pour le reste, les réussites abondent, même dans les courtes apparitions d’Alex Rosen confirmant la tenue de son chant et la beauté de son timbre. William Thomas fait un Priam effacé mais un Narbal superbe. Adèle Charvet anime particulièrement Ascagne. Le sensationnel mezzo-soprano de Beth Taylor apporte beaucoup de caractère à Anna. Laurence Kilsby, qu’on suit avec admiration à l’Académie de l’Opéra de Paris, sert avec un art consommé les airs d’Iopas et d’Hylas.

    L’emportement de La Prise de Troie doit beaucoup à la déclamation splendide d’Alice Coote en Cassandre. Si l’aigu de la voix est blessé, tout le reste est d’un métal flamboyant allié à un sens de la ligne exemplaire. À Carthage, Paula Murihy est une Didon sans doute trop réservée et peu amoureuse. La fin de l’opéra la révèle belle musicienne, évitant de fait l’outrance d’autres titulaires, pour mêler son instrument à ceux de l’orchestre rappelant Gluck que Berlioz appréciait tant.

    L’Énée de Michael Spyres, malheureusement habillé dans la tenue de Michel Strogoff qu’il affectionne, distille d’admirables couleurs même dans les passages les plus difficiles. Une mise en espace aussi simple qu’efficace contribue au succès, avec des lumières autant variées qu’atmosphériques mettant en valeur le décor en trompe l’œil de Cicéri, un joyau devant lequel le compositeur s’est jadis produit.




    Opéra Royal, Versailles
    Le 29/08/2023
    Thomas DESCHAMPS

    Version de concert des Troyens de Berlioz mise en espace par Tess Gibbs et sous la direction de Dinis Sousa à l’Opéra royal du Château de Versailles.
    Hector Berlioz (1803-1869)
    Les Troyens (1856-1858), opéra en cinq actes
    Livret du compositeur inspiré de L’Énéide de Virgile

    Alice Coote (Cassandre)
    Michael Spyres (Énée)
    Paula Murihy (Didon)
    Lionel Lhote (Chorèbe/ Sentinelle I)
    Adèle Charvet (Ascagne)
    William Thomas (Narbal / Priam)
    Ashley Riches (Panthée)
    Beth Taylor (Anna)
    Laurence Kilsby (Iopas / Hylas)
    Rebecca Evans (HĂ©cube)
    Alex Rosen (Hector/ Sentinelle II)
    Monteverdi Choir
    Orchestre révolutionnaire et romantique
    direction : Dinis Sousa
    mise en espace : Tess Gibbs
    Ă©clairages : Rick Fisher

     


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