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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital de Julius Asal dans le cadre du festival Piano aux Jacobins 2023 de Toulouse.
Jacobins 2023 (1) :
Julius et les rĂŞves
Pour débuter cette édition 2023, le festival Piano aux Jacobins accueille le deuxième soir le jeune pianiste allemand Julius Asal, remarqué l’an passé pour son disque Prokofiev, compositeur avec lequel il ouvre dans le magnifique couvent toulousain un programme franco-russe dont ressort une vraie puissance imaginative et narrative.
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Cloître du Couvent des Jacobins, Toulouse
Le 07/09/2023
Hélène BORIE
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Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
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Réparti dans le cloître et la salle capitulaire du Couvent des Jacobins, le public entend pour commencer neuf extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev adaptés par Julius Asal à l’acoustique très riche du lieu. Dès Roméo à la fontaine, la dimension orchestrale du jeu singularise chaque pièce et laisse entendre la texture sonore de divers instruments, comme les staccatos à la basse suggérant le timbre du basson, ou les sonorités cristallines de la partie lente de la Danse des chevaliers qui évoquent le célesta.
Le pianiste doté de surcroît d’une belle liberté rythmique, tout en grâce chantante dans Ange adorable, sait aussi faire ressortir du second degré de certaines cadences bondissantes, avec des choix de tempi rapides voire bousculés dans Scène et Mercutio, ou des rythmes surpointés dans une Danse des chevaliers plus diabolique qu’implacable.
On peut regretter que cette force évocatrice ne se fasse pas plus contrastée dans Debussy, surtout dans La Puerta del Vino, qui manque d’âpreté, comme noyée dans une même atmosphère, avec La Cathédrale engloutie, au contraire très réussie, déployée avec ampleur, lentement, sans forcer. Après la parenthèse excentrique de General Lavine, le tempo furieux de Ce qu’a vu le vent d’ouest impressionne, bien qu’il emporte parfois avec lui le matériau thématique.
L’entracte passé, le Nocturne en réb majeur du trop rare Louis Durey nous fait entrer dans une rêverie mélancolique, qui se poursuit dans le Nocturne en la mineur op. 10 n° 1 de Rachmaninov, claire référence à Chopin. C’est d’ailleurs un Rachmaninov plus onirique que passionné que va nous offrir le pianiste : dans le Prélude en si mineur op. 32 n° 10, le grand crescendo central semble en retenue, et se développe plus en amplitude qu’en force, pour un résultat tout de même convaincant.
Le Moment musical op. 16 n° 3 dans la même tonalité manque parfois d’intensité dans le thème en tierces, tandis que le très attendu Prélude en ut# mineur surprend par l’attention portée aux notes internes des accords, ainsi que par le thème en octaves graves joué un peu trop en dehors, au risque de le priver d’un certain mystère. La vivacité du rythme de la main droite dans le Prélude en sol# mineur op. 32 n° 12 l’anime d’une forme d’effervescence, qui l’emporte sur l’aspect douloureux du thème à la main gauche.
Achevé sur un majestueux et éclatant Prélude en réb majeur op. 32 n° 13, le programme est prolongé par Julius Asal, très applaudi, avec une sonate de Scarlatti pleine de rubato.
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Cloître du Couvent des Jacobins, Toulouse Le 07/09/2023 Hélène BORIE |
| RĂ©cital de Julius Asal dans le cadre du festival Piano aux Jacobins 2023 de Toulouse. | SergeĂŻ Prokoviev (1891-1953)
Roméo et Juliette, extraits
Claude Debussy (1862-1918)
Préludes, extraits des Livres I & II
Louis Durey (1888-1979)
Nocturne en réb majeur op. 40
SergeĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
Nocturne en la mineur op. 10 n° 1
Prélude en la mineur op. 32 n° 8
Prélude en do# mineur op. 3, n° 2
Prélude en si mineur op. 32, n° 10
Moment musical en si mineur op. 16 n° 3
Prélude en si majeur op. 32 n° 11
Prélude en sol # mineur op. 32 n° 12
Prélude en réb majeur op. 32 n° 13
Julius Asal, piano | |
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