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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou, du ténor Pavel Petrov, de la soprano Olga Peretyatko et du baryton Alexey Martov à la Philharmonie de Paris.
À toute volée
Le programme de rentrée de l’Orchestre de Paris et de son Chœur se consacre entièrement à la musique russe. L’occasion pour les forces parisiennes d’offrir une plastique impressionnante qu’on aimerait voir plus souvent nuancée dans Stravinski et surtout Rachmaninov. Le concerto de Prokofiev avec Bertrand Chamayou comble heureusement toutes les attentes.
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Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris ont ramené d’Aix-en-Provence Petrouchka dans sa version de 1947. Comme Decca l’enregistre ce soir pour un prochain album faisant suite à celui paru au printemps groupant L’Oiseau de feu et Le Sacre du printemps, les images du film de Bertrand Mandico sont finalement absentes à la Philharmonie.
Avec des gestes autant expressifs que démonstratifs, le chef lance son orchestre qui montre en cette rentrée une forme olympique et une cohésion impressionnante. Mäkelä brosse des tableaux à l’armature rythmique puissante et insistante dans laquelle il laisse libre court à ses super-solistes pour des échappées presque romantiques et des ponctuations plus comiques qu’inquiétantes.
Il ne trouve un climat d’étrangeté que dans les toutes dernières pages où les timbres s’évanouissent comme dans une page inédite du jeune Webern. Entre-temps, on aura remarqué un piano à l’écoute des autres pupitres, en particulier de la flûte dans un dialogue remarquable d’équilibre. Surprise ! Aux saluts, le musicien qui se lève derrière le clavier n’est autre que Bertrand Chamayou, le soliste du Concerto n° 1 de Prokofiev qui suit.
Le Français donne une lecture pleine de finesse de l’op. 10 sans jamais écraser le son. La virtuosité de son jeu échappe au machinisme, travaille plans sonores et couleurs, et ressemble à une fantastique cavalcade à la Kandinsky. Mäkelä le suit parfaitement dans cette lecture et accorde une grande souplesse rythmique à l’orchestre dans des effusions profuses. L’Alouette de Glinka-Balakirev donnée en bis prolonge ce moment de grâce, en restituant avec lyrisme le folklore mâtiné d’une virtuosité ailée.
Ce panorama de la musique russe se poursuite après l’entracte avec Les Cloches, l’un des plus hauts chefs-d’œuvre de Rachmaninov. Ce poème symphonique fait la part belle au Chœur de l’Orchestre de Paris, ici renforcé par celui du Centre musical d’Helsinki, pour une prestation resplendissante. Pourtant, faut-il absolument suivre le chef dans sa lecture à poigne ? Si la violence de la direction correspond parfaitement au tocsin du troisième volet, on s’interroge sur la véhémence déployée sans limite dans les deux premières parties.
Dans l’Allegro non troppo, Pavel Petrov, une fois son premier appel lancé, renonce complètement à se faire entendre. Dans le deuxième mouvement, avec des moyens conséquents, Olga Peretyatko use de tout son métal cuivré pour y parvenir avec éclat. Enfin, le Lento lugubre bénéficie grandement de la présence d’Alexey Markov. La clarté de sa diction égale la beauté de son timbre pour une incantation d’une gravité ancestrale. Mäkelä souligne à l’envi une parenté rythmique avec L’Île des morts du même Rachmaninov. Derrière ce geste graphique et lyrique, il manque indéniablement les lumières entre chien et loup qui sont la marque de l’inquiétude du compositeur dans une de ses plages plus personnelles.
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Philharmonie, Paris Le 07/09/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou, du ténor Pavel Petrov, de la soprano Olga Peretyatko et du baryton Alexey Martov à la Philharmonie de Paris. | Igor Stravinski (1882-1971)
Petrouchka (1911, rév. 1947)
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano n° 1 en réb majeur op. 10 (1912)
Bertrand Chamayou, piano
Serge Rachmaninov (1873-1943)
Les Cloches (1913)
Pavel Petrov, ténor
Olga Peretyatko, soprano
Alexey Markov, baryton
Chœur de l’Orchestre de Paris
Musiikkitalon Kuoro
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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