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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Kirill Petrenko, avec le concours du baryton Christian Gerhaher à la Philharmonie de Berlin.
Berliner aériens
Comme tous les ans, le Philharmonique de Berlin participe aux Berliner Festspiele avec un programme contemporain. Cette année, Kirill Petrenko revient à Xenakis avec ses magnifiques Jonchaies, avant de créer un ouvrage d’Illés et de reprendre avec Christian Gerhaher les Gesangsszene de Hartmann, pour finir par Stele de Kurtág.
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Lors du Festival 2022, Kirill Petrenko avait ouvert son programme par Empreintes de Xenakis ; cette saison, il choisit le même compositeur et sa pièce pour orchestre Jonchaies, écrite pour cent neuf musiciens. Cet effectif offre à voir les Berliner Philharmoniker renforcés par des jeunes dans les derniers rangs des violons, qui participent à la stridence des premières mesures et aux longs glissandos qui parcourent la pièce. Très structurée, l’œuvre de 1977 profite particulièrement de la direction très concentrée du chef, qui impose une rythmique parfaite dans les grands climax, auxquels participent au cordeau les six percussionnistes, jamais perdus même dans les moments volontairement cacophoniques.
La crĂ©ation de Márton IllĂ©s ensuite demande une orchestration moins dense, Ă laquelle vient s’intĂ©grer un accordĂ©on. CommandĂ©e par les Berliner, LĂ©g-szĂn-tĂ©r s’intègre dans un corpus liĂ© par les termes de la langue hongroise du compositeur szĂn (couleur) et tĂ©r (espace). En trois parties indiquĂ©es seulement par des mesures mĂ©tronomiques, l’œuvre qui peut s’apparenter Ă une Scène d’air impose aux violons de jouer ultralĂ©ger et dĂ©bute par un mouvement lent, dont l’énergie se libère rapidement dans une belle explosion de lumière. AĂ©rienne, la pièce ne peut cacher sa filiation avec les partitions de Ligeti et surtout Kurtág, dont l’un des chefs-d’œuvre conclura le programme.
Avec Gezangsszene, Petrenko retrouve Christian Gerhaher pour reprendre un ouvrage de Karl Amadeus Hartmann déjà interprété ensemble en 2015 à Munich. Cette fois devant les Berliner, le chef développe l’introduction fidèlement, sans toutefois lui procurer assez de noirceur. Puis le baryton débute son texte traduit du Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux, avec toujours la même intégrité et la même qualité d’élocution, impeccable jusqu’au parlé conclusif. Beaucoup plus pur que Matthias Goerne avec Skrowaczewski dans cette même salle il y a douze ans, Gerhaher donne de l’impact à chaque mot pour porter cette fin du monde à lui seul, sous un accompagnement soigné et parfois trop éthéré.
Stele de György Kurtág donne la même impression, superbement porté par les violons souvent attentifs au premier d’entre eux, Dashin Kashimoto, et parfaitement agencé par le geste toujours extrêmement précis du chef, mais sans la force narrative qu’y avait donné Claudio Abbado à la création de 1994. Parfaitement débutée dans son introduction beethovénienne, l’œuvre perd un peu en force dans le Lamentoso pour retrouver véritablement du poids dans la légèreté des derniers instants, fascinant par la douceur qu’y met Petrenko, rappelé seul sur scène par une petite partie du public une fois l’orchestre sorti, comme il est de coutume pour les très grands chefs à Berlin.
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Philharmonie, Berlin Le 14/09/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Kirill Petrenko, avec le concours du baryton Christian Gerhaher à la Philharmonie de Berlin. | Iannis Xenakis (1922-2001)
Jonchaies, pour orchestre
Márton Illés (*1975)
LĂ©g-szĂn-tĂ©r, pour orchestre
Création mondiale
Karl Amadeus Hartmann (1905-1963)
Gesangsszene, pour baryton et orchestre
Texte d’après Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux
Christian Gerhaher, baryton
György Kurtág (*1926)
Stele, op. 23
Berliner Philharmoniker
direction : Kirill Petrenko | |
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