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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Troisième Symphonie de Mahler par l’Orchestre de Paris sous la direction de Semyon Bychkov, avec le concours de la contralto Christa Meyer à la Philharmonie de Paris.
Résurrection de l’amour
Semyon Bychkov présente une lecture de la Troisième Symphonie de Mahler singulièrement calquée sur l’esprit de la symphonie précédente du compositeur. Sa direction large et appuyée donne de splendides résultats dans les mouvements extrêmes. Ailleurs, privilégiant le phrasé sur la précision, elle apparaît trop flottante mais semble aussi parfois manquer de poésie.
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Semyon Bychkov reprend ce soir la Symphonie n° 3 de Mahler qu’il avait dirigée lors de son mandat à l’Orchestre de Paris en 1993. D’un geste très large, il assoit le vaste portique d’introduction du gigantesque premier mouvement Kräftig, Entschieden. Profondeur de timbres des cordes graves et des vents, carrure impeccable des percussions, les musiciens de l’Orchestre de Paris répondent avec feu à sa baguette. Les fanfares, les marches s’enchaînent selon un tempo général très retenu mais parfaitement maîtrisé. L’ensemble peut sembler moins fantasmagorique qu’ailleurs mais Bychkov sait parfaitement animer l’ensemble et renouveler le discours sans qu’aucun tunnel ne s’installe.
Pour le Tempo di Menuetto qui suit, le chef opte au contraire pour des variations de tempo très marquées au point qu’on perd un peu la ligne avec ce qui pourrait s’apparenter à une relecture du « style nouille ». L’indication Sans hâte qui colle au troisième mouvement est prise très au sérieux ce soir. Cela n’aurait rien de gênant si le chef respectait les nuances dynamiques dévolues notamment aux bois, en changeant les pianos de la clarinette en forte par exemple. Ce ne sont plus des pépiements mais des sarcasmes un peu lourds. Le cor de postillon en coulisse sonne en force et sans poésie.
Pour le mouvement nietzschéen, la belle voix d’alto de Christa Mayer est idéale, mais plutôt que de pratiquer un sfumato discret, Bychkov anime les phrasés au point que les harpes peinent à trouver leur place. La diction des chœurs flotte légèrement dans le cinquième mouvement mais est compensée par de fort belles couleurs. C’est finalement dans le dernier mouvement que l’on comprend le mieux la vision du chef qui semble vouloir faire de celui-ci le parent exact de celui de la Symphonie Résurrection. Même s’il démarre trop fort, une formidable progression gagne l’orchestre. Les cordes déploient un légato superbe presque langoureux. Et bientôt, les cuivres dramatisent l’ensemble dans un crescendo progressif bien mené.
Bychkov choisit singulièrement d’en surligner l’apothéose en ayant recours à pas moins de quatre paires de cymbales. Si son confrère Esa-Pekka Salonen en utilise deux, les Abbado, Bernstein ou Boulez n’en ont toujours fait jouer qu’une seule paire. L’effet est saisissant tant visuellement qu’auditivement d’autant que les percussionnistes le réalisent avec maestria. Un dernier crescendo général et Bychkov clôt sa résurrection amoureuse par un gigantesque point d’orgue.
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Philharmonie, Paris Le 14/09/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Troisième Symphonie de Mahler par l’Orchestre de Paris sous la direction de Semyon Bychkov, avec le concours de la contralto Christa Meyer à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 3 en ré mineur (1896)
Christa Mayer, contralto
Chœur de femmes de l’Orchestre de Paris
Chœurs d’enfants et de jeunes de l’Orchestre de Paris
Orchestre de Paris
direction : Semyon Bychkov | |
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