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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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RĂ©cital de Jonathan Fournel dans le cadre du festival Piano aux Jacobins 2023.
Jacobins 2023 (2) :
Ă€ couper le souffle
Pour son récital toulousain à Piano aux Jacobins 2023, le jeune pianiste Jonathan Fournel, originaire de l’est de la France et installé à Bruxelles, a choisi un programme romantique ambitieux partagé entre Beethoven, Szymanowski, Franck et Schubert qu’il va enchaîner sans entracte avec une puissance passionnée qui laisse sans voix.
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Cloître du Couvent des Jacobins, Toulouse
Le 21/09/2023
Hélène BORIE
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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C'est avec une énergie puissamment ancrée dans le clavier que Fournel interprète les 32 variations en ut mineur de Beethoven. Le pianiste va chercher le son dans la chair du piano, même dans les variations staccato (1, 2, 3 et 14) jouées au contraire avec onctuosité. L’énergie passe et se transforme, sans rupture, comme dans la septième variation notée pourtant Piu tranquillo mais encore animée de la fébrilité de la précédente. Contrastant avec le bouillonnement des n° 10, 29 ou 31, les variations plus graves (12, 17, 23, 30) sont ce soir très lentes, sans surjouer l’inquiétude déjà contenue dans l’écriture.
Les mains restées suspendues au-dessus du clavier, Fournel ménage une pause toute relative avec le choix original de la Sonate en fa majeur : le premier mouvement est plus affirmatif qu’interrogatif, passant sur le caractère de menuet ponctué de silences, et on peut regretter que la fluidité du jeu n’insiste pas davantage sur les contrastes d’intensité, surtout dans les piani du deuxième mouvement, ce qui n’empêche pas un tempo impressionnant.
Les Variations sur un thème polonais de Szymanowski, associant virtuosité éblouissante et parfait équilibre des mains et des voix, sont à couper le souffle : les accords de la marche funèbre de la variation 8 se succèdent à un tempo très lent, frappent droit et de plus en plus fort, homogènes mais riches de toute leur plénitude harmonique, dans une tension à crever le volume de la salle capitulaire. Le thème ressurgit à la fin avec une ferveur dans laquelle le pianiste, libre de toute entrave, se donne entièrement.
La courte sortie de scène du pianiste, chaleureusement applaudi, donne à peine le temps de se remettre, sans quitter sa place, avant une transcription pour piano de Prélude, fugue et variation de Franck plus en intériorité : le prélude est tout en simplicité, avançant avec régularité, ponctué par les basses qui rappellent discrètement le pédalier, tandis que la fugue, qui s’approche et s’éloigne, prend de l’ampleur avec calme et sans excès.
Dans la Wanderer Fantaisie enfin, le thème initial bondit sans aucune dureté. Les thèmes secondaires, recto tono, sont chantés avec une naïveté directe, jamais appuyée. L’Adagio, très large, a une gravité qui permet au thème de ressurgir dans les deux dernières parties avec une fougue et des tempi extrêmes qui montent en puissance sans perdre en maîtrise ni en plénitude. Ici ruf’zu dir, Herr Jesu Christ !, dit le choral de Bach joué en bis.
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Cloître du Couvent des Jacobins, Toulouse Le 21/09/2023 Hélène BORIE |
| RĂ©cital de Jonathan Fournel dans le cadre du festival Piano aux Jacobins 2023. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
32 variations sur un thème original en ut mineur WoO 80
Sonate n° 22 en fa majeur op. 54
Karol Szymanowski (1882-1937)
Variations sur un thème polonais op. 10
CĂ©sar Franck (1822-1890)
Prélude, fugue et variation op. 18
Franz Schubert (1797-1828)
Wanderer Fantasie en ut majeur op. 15
Jonathan Fournel, piano | |
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