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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon à la Philharmonie de Paris.
Raretés pour un public clairsemé
Malgré la présence de Renaud Capuçon dans le Concerto pour violon de Richard Strauss, ce programme Strauss-Franck de l’Orchestre de Paris laisse la salle Pierre Boulez éparse de spectateurs. Quoi qu’il en soit, une soirée qui permet d’entendre deux rares œuvres de Strauss sous l’archet de Renaud Capuçon et la baguette de Paavo Järvi.
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En raison d'un blocage du métro retenant certains instrumentistes, l’ordre de la première partie de ce concert de l’Orchestre de Paris a dû être interverti. La soirée s’ouvre donc avec le rare Concerto pour violon de Richard Strauss, composé à l’âge de 17 ans, et se poursuit avec le fragment symphonique de sa musique pour le ballet La Légende de Joseph, créée quelques semaines avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Le premier mouvement du concerto confronte le violoniste français à des obstacles de justesse dans les traits. Cherchant à les compenser en accélérant à la fin des phrases, Capuçon déstabilise la mise en place. Confinée dans ces difficultés, l’interprétation en ressort plate et terne. Le violoniste livre cependant un Lento, ma non troppo touchant, aux suraigus purs et au son large. Presque attacca, il enchaîne le Rondo final avec une vigueur imposée par les traits virtuoses de la partition.
La difficulté technique ne se fait presque pas sentir et laisse souvent place à un abandon délibéré du beau son au profit de la théâtralité du discours musical. D’un bout à l’autre, Paavo Järvi veille à l’équilibre soliste-orchestre en ayant pris la mesure de l’accompagnement parcimonieux composé par Strauss auquel il adapte une direction minimale et même du bout des doigts pour la petite harmonie.
D’un seul tenant, La Légende de Joseph dans sa version révisée a de quoi séduire par son ton évocateur et imagé, qui renvoie à l’épisode de l’Ancien Testament où le berger Joseph séduit la femme du roi Potiphar. Les atmosphères s’y succèdent et se répètent : l’une est nocturne, l’autre héroïque et opulente. Järvi maîtrise parfaitement les transitions entre ces climats. L’orchestration est magnifiée par l’équilibre orchestral que le chef arrive à obtenir et par la liberté qu’il donne à ses interprètes notamment dans le duo de flûtes central.
L’interprétation de la Symphonie en ré mineur, l’unique de Franck, saisit enfin par la subtile gamme de couleurs de son premier mouvement et par la tension du thème principal dont chaque apparition est savamment caractérisée. Plus encore, les pianissimi des deux premiers mouvements montrent avec quelle maîtrise l’Orchestre de Paris est sollicité dans les nuances extrêmes. L’Allegretto central débute avec le superbe solo de cor anglais auquel est laissé toute latitude de tempo. Cette attention particulière de Järvi à l’égard de ses musiciens, sa capacité à suivre les solistes puis à galvaniser les tutti signe la réussite du concert.
C’est sûrement le Finale que réussissent le mieux l’Orchestre de Paris et son ancien directeur musical. Ce dernier met en lumière avec habileté la candeur du thème principal dans un élan léger et lyrique. La synthèse progressive de tous les thèmes de la symphonie marque par la justesse des caractères invoqués et des variations de tempo adroitement agencées.
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Philharmonie, Paris Le 27/09/2023 Chloë ROUGE |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon à la Philharmonie de Paris. | Richard Strauss (1864-1949)
Concerto pour violon en ré mineur op. 8
Renaud Capuçon, violon
La LĂ©gende de Joseph, fragment symphonique
CĂ©sar Franck (1822-1890)
Symphonie en ré mineur
Orchestre de Paris
direction : Paavo Järvi | |
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