Dans le Trio en la mineur de Ravel qui a donné son nom au Trio Pantoum, la proximité et l’implication corporelle des trois interprètes collent parfaitement au paysage chimérique du premier mouvement auquel ils insufflent une nostalgie touchante. Le pantoum, forme poétique utilisée par Ravel, reste très symbolique dans le deuxième mouvement. Le trio se saisit avec malice de cette alternance de différents motifs courts, aux rythmes vifs dont découle une sensation de spirale envoûtante et sans fin.

Avant d’entamer un Finale chamarré et vibrant, la Passacaille donne à entendre le toucher délicat de Virgile Roche qui fait magnifiquement émerger les graves du piano. Une profondeur magnifiée par la qualité du phrasé étiré du violon et du violoncelle dans le thème principal. Ainsi, l’interprétation en osmose du Trio Pantoum montre une attention aux moindres détails et une connaissance incorporée de l’œuvre, qu’ils auraient sûrement pu jouer sans partition.

Pour varier les plaisirs de la musique de chambre, la suite du programme fait appel au Quatuor Hermès pour le Quatuor américain de Dvořák. Leur interprétation reste très sage et met en avant un bel équilibre des voix. Malgré les contrastes dynamiques, le son reste très rond et l’on regrette dans ces moments emportés que les instrumentistes ne timbrent pas plus.

Néanmoins, la conduite commune des phrases au fond du temps crée un fil conducteur agréable. Jusque dans les pizzicati de violoncelle du Lento, la trame mélodique affleure et montre la solide construction formelle qu’impriment les Hermès. Dans le Vivace, le violon et le violoncelle emportent véritablement le quatuor dans ses moments de légèreté puis de doute mélancolique dans une belle synergie.

De prime abord, l’orchestre du Triple concerto de Beethoven dépasse la formation de chambre. Pourtant, Jean-François Heisser à la tête de l’Orchestre Ostinato, fait le choix d’un effectif réduit afin d’alléger l’accompagnement, une décision opportune qui permet un dialogue équilibré et privilégié. Pierre Fouchenneret, Xavier Phillips et Jean-Frédéric Neuburger ont une complicité discrète qui passe par une écoute naturelle.

Dans le Largo, le piano conduit le violon et le violoncelle dans un geste lyrique grâce à un accompagnement d’arpèges vivants et investis. L’orchestre complète et répond magnifiquement au trio dans la continuité de leur intention expressive. Puis la fluidité, la virtuosité, la verve de Pierre Fouchenneret et de Xavier Phillips marquent le Rondo alla Polacca qu’Ostinato enrichit d’allégresse.

Le dixième anniversaire de La Belle Saison se clôt avec l’Adagio du Trio n° 4 de Beethoven en bis, une façon de souligner le plaisir du jeu chambriste.