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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert de Lessons in Love and Violence de George Benjamin sous la direction du compositeur Ă la Philharmonie de Paris.
Lessons of refinement
Créé en 2018 au Royal Albert Hall, Lessons in Love and Violence est repris cette année à la Philharmonie de Paris dans le cadre du Festival d’Automne, sobrement mis en espace par Dan Ayling et toujours dirigé par George Benjamin lui-même, avec encore une partie de la première distribution, à commencer par le Roi de Stéphane Degout.
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Créé un an après Edward II d’Andrea Lorenzo Scartazzini, Lessons in Love and Violence de George Benjamin s’appuie également sur la géniale pièce de Christopher Marlowe d’après le fait historique d’un roi homosexuel, mais avec un livret resserré par Martin Crimp autour de quelques personnages seulement. Exit donc les évêques et les nobles, dont le grand rôle de Lancastre : dans l’œuvre de Benjamin ne reste que le Roi, son amant Gaveston, son fils, sa femme la Reine et Mortimer, ainsi que les courts rôles du fou, de trois témoins et trois femmes.
D’une heure trente environ, le troisième opéra déjà vu en France à Lyon est repris à la direction musicale par le compositeur lui-même, cette fois devant l’Orchestre de Paris pour développer un matériau symphonique relativement proche de celui de Written on Skin, extrêmement raffiné, au risque d’être souvent académique. Finement tendue pour s’accorder à un livret bien écrit même si très limité par rapport à la pièce élisabéthaine, l’écriture musicale se démarque dans les interludes bien contrastés entre les sept scènes, qui mettent notamment en avant les percussions et les cuivres.
Le traitement mat des deux harpes alliées au cymbalum porte excellement la scène 6, sans doute la meilleure, dans laquelle le Roi apprend de l’étranger qu’il est condamné à mort par sa femme et Mortimer, et devra léguer la couronne à son fils. Comme à la création londonienne enregistrée en DVD, reprise à Amsterdam et captée pour le CD, Andri Björn Róbertsson reprend un Fou marquant dans sa croyance d’être lui-même de sang royal, vite étranglé pour l’exemple par Mortimer.
Stéphane Degout revient lui aussi au rôle principal, qu’il caractérise toujours de sa voix de baryton bien projetée dans le médium, dont l’anglais se montre souvent très compréhensible. Il garde pour amant Gyula Orendt, aussi attirant en Gaveston qu’ensuite en étranger, qu’il module d’un timbre un peu plus suave. En revanche, il perd Peter Hoare pour trouver à sa place en Mortimer Toby Spence, engagé mais un peu trop nerveux sur la scène de la Villette, là où l’on préfère en revanche la délicatesse de Georgia Jarman, déjà dans le rôle à Lyon, au style de la créatrice du rôle à Londres, Barbara Hannigan.
Sans doute le chanteur le plus marquant ce soir, James Way tient un Garçon sensible, dont le timbre sucré adoucit ses scènes, jusqu’à ce qu’il annonce à la Reine qu’elle s’apprête à assister à l’exécution du traître Mortimer. Très raffiné, l’ouvrage montre une véritable qualité d’écriture, tant pour le texte de Crimp que pour l’orchestre et la voix, cette dernière d’un style bien spécifique à George Benjamin, bien que cela ne suffise pas à capter tout à fait l’attention. En cela, la mise en espace de Dan Ayling n’aide pas non plus particulièrement, avec quelques maigres éléments de décors, une couronne et un canapé ; trop peu pour rappeler la violence d’une histoire plus puissamment portée par l’opéra de Scartazzini.
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Philharmonie, Paris Le 12/10/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Version de concert de Lessons in Love and Violence de George Benjamin sous la direction du compositeur Ă la Philharmonie de Paris. | George Benjamin (*1960)
Lessons in Love and Violence, opéra en 7 scènes
Livret de Martin Crimp adapté d’après la pièce Edward II de Christopher Marlowe
Stéphane Degout (Le Roi)
Georgia Jarman (Isabelle, la Reine)
Gyula Orendt (Gaveston / L’Étranger)
Toby Spence (Mortimer)
James Way (Le Garçon, Jeune Roi)
Hannah Sawle (1er témoin / 1re chanteuse / 1re femme)
Emilie Renard (2e témoin / 2e chanteuse / 2e femme)
Andri Björn Róbertsson (3e témoin / Le Fou)
Orchestre de Paris
direction : George Benjamin
mise en espace : Dan Ayling | |
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