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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Benjamin Grosvenor dans le cadre des Concerts du Dimanche Matin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
L’explorateur de tonalité
La perfection du jeu de Benjamin Grosvenor fait une nouvelle fois mouche au Théâtre des Champs-Élysées dans un programme logique et exigeant autour d’une tonalité souvent associée à la solitude et à la mélancolie. Le pianiste britannique en distille avec art et mesure les effets pour atteindre une émotion palpable dans la Sonate en si de Liszt.
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Pour sa 49e saison des Concerts du Dimanche Matin, Jeanine Roze nous gâte en présentant le pianiste Benjamin Grosvenor à deux reprises. Pour cette première visite, le Britannique a choisi un programme entièrement sous la bannière de la tonalité de si mineur.
Le Prélude en si mineur BWV 855 de Bach arrangé par Alexandre Siloti fut l’un des bis préférés d’Emil Gilels, il constitue aujourd’hui le début du récital. Grosvenor lui donne une tournure moins suave et détache nettement la mélodie. Le dernier accord à peine éteint, il attaque aussitôt la Ciacona de Goubaïdoulina. Tout en gardant la révérence à Bach et aux formes baroques poussées ici jusqu’au vertige, le pianiste pare la pièce d’éclairs rageusement tristes. Après une courte pause, il entonne l’une des œuvres emblématiques de la tonalité en si mineur, la Sonate de Liszt.
Grosvenor domine son sujet avec une sonorité de rêve. Il résout la binarité de l’œuvre par une respiration miraculeuse et un sens de la construction organique qui transcende les oppositions. Palette dynamique, couleurs, phrasés, rien n’est laissé au hasard, mais l’ensemble conserve un naturel très vivant qui tient en haleine jusqu’aux derniers accords de résolution. Après ce sommet, la Sonate n° 3 de Chopin présente la même concentration.
Toutefois, l’enchaînement du programme fait paraître son écriture paraît encore plus classique que d’ordinaire. Grosvenor en soigne particulièrement l’architecture. Les cantilènes du Largo sonnent merveilleusement, mais à ce stade du récital on aurait souhaité – caprice de spectateur gâté – un peu plus d’abandon, voire de perspective dans le Final pourtant exceptionnel. En bis, l’artiste reste chez Chopin mais abandonne finalement la tonalité de si mineur pour le Nocturne en ut# mineur : arpèges et nuances, tout est confondant. Rendez-vous est pris pour le matin du dimanche 17 mars 2024.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 15/10/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Récital du pianiste Benjamin Grosvenor dans le cadre des Concerts du Dimanche Matin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann-Sebastian Bach (1685-1750)
Prélude en si mineur BWV 855
Arrangement : Alexandre Siloti
Sofia GoubaĂŻdoulina (*1931)
Ciacona en si mineur (1962)
Franz Liszt (1811-1886)
Sonate pour piano en si mineur (1853)
Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano n° 3 en si mineur op. 58 (1844)
Benjamin Grosvenor, piano | |
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