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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert de Jules César de Haendel sous la direction de Gianluca Capuano et autour de Cecilia Bartoli au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Mon truc en plumes
Plutôt bien entourée comme à son habitude, Cecilia Bartoli présente sa Cléopâtre en se jouant de la plupart des difficultés que lui posent aujourd’hui le rôle. Face à elle, le César amoureux transi de Carlo Vistoli éblouit dans ses meilleurs moments. Les Musiciens du Prince-Monaco menés par Franco Capuana accompagnent de manière très active la soirée.
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Pour certains spectateurs, les opéras en version de concert constituent un refuge contre les avanies supposées des metteurs en scènes. L’expérience récente montre en tous cas que la pratique ne protège pas les œuvres des tripatouillages et autres coupures. Ce soir, c’est encore deux petits rôles et quelques airs qui passent à la trappe, soit plus de quarante minutes de musique.
Tout au plus peut-on se féliciter que les da capo essentiels à l’art haendélien sont ici presque tous maintenus. Sous la direction engagée de Giancluca Capuano, les effectifs nombreux des Musiciens du Prince-Monaco montrent un engagement de tous les instants. La virtuosité des pupitres (à l’exception regrettable des cuivres) s’illustre pleinement dans la variété des ornementations, qui peuvent parfois fatiguer l’oreille par leur profusion et leur systématisation. Le continuo riche d’une harpe et d’un orgue positif participe également d’une conception très dynamique et dramatique.
À l’affiche, une équipe de très bons chanteurs dont le soigné José Coca Loza en Achille, un baryton qui maîtrise avec bonheur le style de cette musique. Kangmin Justin Kim n’a qu’un problème : l’engagement hystérique hors cadre auquel il soumet son timbre délicat. Le résultat sonne trop souvent d’une aigreur quasi rédhibitoire alors que Cara speme donne heureusement un aperçu bien supérieur de la musicalité qu’il pourrait offrir. Son duo avec la Cornelia de Sara Mingardo est également une réussite. Il faut dire que la contralto italienne dispense un art musical contagieux, à la ligne radieuse et noble.
Max Emanuel Cenčič fait lui aussi montre d’une sobriété de bon aloi en Ptolémée. Le Jules César chanté par Carlo Vistoli est en revanche flamboyant. Certes, il manque indéniablement au contreténor la partie basse de la tessiture, d’où des graves poitrinés ou carrément inaudibles. Mais comment résister à ce Jules amoureux ? Son Se in fiorito émerveille par son ornementation audacieuse et son dialogue charnel avec le violon agile et tout aussi musical de Thibault Noally. Reste le cas de la maîtresse d’œuvre de cette production et dont le nom figure de manière ostensible sur l’affiche.
Cecilia Bartoli reprend donc le rôle de Cléopâtre, un de ses grands succès des années 2010, et le public est venu principalement pour elle. Ce soir, la diva a une voix différente pour chacune des arias qu’elle présente. Aucune de ces voix n’est vraiment celle du rôle, et l’on constate une baisse du soutien de l’émission dans les airs lents : Se pietà en souffre particulièrement. Partout, Bartoli en technicienne accomplie arrange et, finalement, parvient à faire de Da tempeste du pur Bartoli pour la plus grande joie du public.
Dans cette mise en espace non créditée, le jeu de la chanteuse détonne par son outrance boulevardière. Bartoli cherche et obtient la complicité rieuse du public. Quand elle se fait passer pour la suivante de la reine, sa manière de se couvrir d’un voile et sa diction relèvent de la farce. Et l’on en peut s’empêcher de penser que les deux porteurs d’éventails en plumes d’autruche qui l’accompagnent pour V’adoro pupille font diversion plus qu’ils ne font référence à l’art de Zizi Jeanmaire.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 23/10/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Version de concert de Jules César de Haendel sous la direction de Gianluca Capuano et autour de Cecilia Bartoli au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Giulio Cesare in Egitto, opera seria en trois actes (1723)
Livret de Nicola Francesco Haym
Carlo Vistoli (Giulio Cesare)
Cecilia Bartoli (Cleopatra)
Kangmin Justin Kim (Sesto)
Sara Mingardo (Cornelia)
Max Emanuel CenÄŤiÄŤ (Tolomeo)
José Coca Loza (Achilla).
Les Musiciens du Prince-Monaco
direction : Gianluca Capuano | |
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