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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert du quatuor Arod au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris.

Quatuor paysagiste
© Thomas Deschamps

Le Quatuor Arod fait un fantastique retour dans la programmation La Belle saison du Théâtre des Bouffes du Nord. Équilibre souverain, acuité rythmique, sens de l’agogique et lyrisme servent magnifiquement un programme français où Benjamin Attahir, Claude Debussy, Maurice Ravel et Thomas Enhco entrent en résonnance ludique et onirique.
 

Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
Le 30/10/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Lorsqu’on étudie la liste des concerts passés et à venir du quatuor Arod, le faible nombre de dates françaises consterne. Un constat plus global de la grande pauvreté des offres de musique de chambre sur notre territoire. La Belle saison créée par le Théâtre des bouffes du Nord tente de pallier cette tare en proposant chaque année des concerts dans de multiples lieux. Ce soir, les musiciens du quatuor reviennent sur le lieu de naissance de cette initiative exemplaire qui est aussi la salle où fut créée par eux-mêmes la première pièce du programme, Al Asr de Benjamin Attahir.

    Dans l’obscurité presque totale naît la musique, une cantilène qui n’appartient pas au jeune compositeur mais à Bach. Le choral accompagne le retour de la lumière, et cette aube envoûtante conduit sans interruption à la pièce contemporaine annoncée. La prière coranique voulue par Attahir semble s’abstraire du texte sacré pour se concentrer sur le moment même de cet appel. C’est un vaste paysage qui brûle de chaleur devant nous.

    L’air claque tandis que s’élèvent les voix des cordes pour former une monodie collective. L’ornementation virevoltante aboutit à un cinquième mouvement conclusif, une fugue impressionnante dont la folle virtuosité semble amuser les Arod. Le violoncelliste, Jérémy Garbag, prend longuement la parole notamment pour souligner l’ancrage français du programme de ce concert et revendiquer l’adéquation des musiciens français avec ce répertoire. Une prise de position qui bat en brèche l’universalité de la musique mais plus que brillamment défendue ce soir.

    Le Quatuor en sol mineur de Debussy qui suit fait effectivement entendre une finesse épatante. Le geste collectif est net et clair, l’accompagnement des voix solistes dans l’Animé et très décidé donne pourtant l’impression d’une polyphonie où chacun a sa part. Sous la houlette de Jordan Victoria et de Jérémy Garbag, l’extrême précision rythmique du deuxième mouvement permet une grande liberté comme une diffraction poétique des sons. Dans l’Andantino, la prise de risque va pratiquement jusqu’à une dislocation de la musique et c’est une émotion particulière qui gagne l’auditeur lors de la reconstruction opérée depuis l’alto jusqu’au violon. Le Finale prolonge cette ambivalence jusqu’au retour de la sonorité orchestrale brossant un panorama éblouissant.

    Après l’entracte, le Quatuor en fa majeur de Ravel connaît une réussite comparable. Les musiciens mettent une grande tendresse dans l’Allegro moderato. Les pizzicatos du deuxième mouvement sont d’une précision diabolique mais c’est la cantilène centrale énoncée comme une berceuse enfantine qui étreint par son pianissimo inouï ouvrant sur une séquence aérienne ou liquide, on ne sait, tant on est transporté dans une poésie dont les proportions vont encore s’étendre avec le Très lent. Ici, tout n’est qu’équilibre et délicatesse.

    Les violons de Jordan Victoria et Alexandre Vu accompagnent l’alto merveilleusement chantant de Tanguy Parisot. Avec les scansions du violoncelle, l’ensemble forme une nouvelle fois un paysage hors du temps. La bourrasque finale d’une cohésion ébouriffante emporte tout. En bis, le quatuor crée une pièce commandée à Thomas Enhco. Turbulence porte bien son nom et suscite une dernière fois la fougueuse virtuosité des Arod, alors que les réminiscences debussystes glissées par le compositeur amusent l’oreille. L’Adagietto de L’Arlésienne de Bizet clôt la soirée dans la sérénité.




    Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
    Le 30/10/2023
    Thomas DESCHAMPS

    Concert du quatuor Arod au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris.
    Benjamin Attahir (*1989)
    Al Asr (2017)
    Claude Debussy (1862-1918)
    Quatuor à cordes en sol mineur (1893)
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Quatuor à cordes en fa majeur (1903)
    Quatuor Arod
    Jordan Victoria, violon
    Alexandre Vu, violon
    Tanguy Parisot, alto
    Jérémy Garbag, violoncelle

     


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