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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Alexander Malofeev dans le cadre de Philippe Maillard Productions Ă la salle Gaveau, Paris.
Appétits pianistiques
Le programme choisi par le pianiste Alexander Malofeev pour sa visite annuelle chez Philippe Maillard est superbe et conséquent. La virtuosité hors du commun du pianiste n’est jamais en défaut, mais finalement, c’est dans la musique de Weinberg que ses qualités sont au meilleur plutôt que dans Liszt ou Rachmaninov où il reste impressionnant.
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Alexander Malofeev débute son concert avec la transcription du Concerto pour orgue en la mineur d’après Vivaldi de Bach réalisée par son compatriote Samuel Feinberg. Il y développe sa sonorité radieuse coutumière, et comme souvent avec cet artiste, champ et contrechamp sonnent à égalité. L’ensemble prend une tonalité rétro très Moscou 1950, un rien intimidante, certainement un peu raide et monolithique.
Aussi, c’est avec bonheur qu’on passe aux Prélude et nocturne pour la main gauche de Scriabine où le pianiste fait montre d’une fluidité fort à propos. Parmi le public, beaucoup sont venus émoustillés par la pièce de résistance de cette première partie de programme, la très virtuose paraphrase de concert composée par Liszt d’après l’Ouverture de Tannhäuser de Wagner, une rareté au concert.
Avec sa technique supérieure, Malofeev s’y lance avec appétit. Les ostinati ne faiblissent jamais et forcent l’admiration. Si l’envergure orchestrale de la partition ne lui pose aucun problème, il n’est pas interdit de penser que le phrasé se hache trop de raison sous les coups de boutoir enthousiastes du pianiste. Le chant des pèlerins qui gagne toute la pièce dans ses dernières pages apparaît de ce fait assez vindicatif. Après ce tour de force et un entracte mérité, Malofeev présente une autre rareté bienvenue, la Sonate pour piano n° 4 de Weinberg.
Ici, ce qu’il était possible de reprocher au pianiste dans Bach/Feinberg devient des qualités stylistiques évidentes. Le dessin de cette sonate très classique happe l’attention pour ne jamais la lâcher. Le jeune Russe trouve ici davantage de variété dans son jeu toujours immaculé. Il sait rendre la mélancolie aussi bien que l’inspiration folklorique. L’Adagio en particulier le voit jouer avec une intériorité bouleversante, tandis que le rondeau de l’Allegro virevolte autant que dans l’enregistrement laissé par le dédicataire, Emil Gilels. Jamais rassasié de difficultés, Malofeev présente ensuite la Sonate pour piano n° 2 de Rachmaninov dans sa version révisée.
Sa lecture offre des qualités plastiques admirables, avec cette sonorité bien assise qui jamais ne s’écrase, même dans les fortissimos les plus fracassants. Mais à nouveau, le pianiste ne veut pas choisir entre les différentes voix intermédiaires – dieu sait pourtant comme elles abondent dans ces pages ! Du coup cette virtuosité étourdissante sans pathos reste moins éloquente que chez d’autres.
Trois bis viennent clore généreusement cette soirée abondante : un Ground en do mineur de Purcell, le Prélude en do# mineur de Rachmaninov et le Menuet en sol mineur de Haendel tiré de sa Première suite pour clavier. Dans cette dernière pièce qu’affectionnait Kempff, Malofeev articule avec superbe, trille à la perfection. Il ne manque qu’une inflexion du phrasé et un changement imperceptible de couleurs ici et là pour nous toucher au cœur.
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Salle Gaveau, Paris Le 10/11/2023 Thomas DESCHAMPS |
| RĂ©cital du pianiste Alexander Malofeev dans le cadre de Philippe Maillard Productions Ă la salle Gaveau, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Concerto pour orgue en la mineur d’après Vivaldi BWV 593
Transcription de Samuel Feinberg (1890-1962)
Alexandre Scriabine (1872-1915)
Prélude & nocturne pour la main gauche, op. 9 (1894)
Franz Liszt (1811-1186)
Ouverture de Tannhäuser, paraphrase de concert d’après Richard Wagner S. 442 (1849)
Mieczysław Weinberg (1819-1996)
Sonate pour piano n° 4 op. 36 (1955)
SergeĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
Sonate pour piano n° 2 op. 36 (1913, rév. 1931)
Alexander Malofeev, piano | |
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