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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Alexandre Kantorow à la Philharmonie de Paris.
Les quatre éléments
Le pianiste Alexandre Kantorow et l’Orchestre de Paris sous la direction de son directeur musical forment un partenariat sensationnel pour une lecture d’anthologie du Concerto n° 5 de Saint-Saëns. L’ouverture Shéhérazade de Ravel et la Deuxième Symphonie de Schumann sont l’occasion de faire briller la plastique exceptionnelle de l’orchestre.
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La Shéhérazade - Ouverture de féérie de Ravel appartient à la jeunesse de son auteur. Elle offre d’indéniables beautés même si l’orchestration n’en est pas réglée avec la finesse des œuvres ultérieures. Klaus Mäkelä la dirige à pleine pâte en variant au maximum les couleurs et offre un écrin au solo de hautbois aérien. Il est moins sensible aux nuances dynamiques qui étaient la marque de Pierre Boulez dans cette œuvre plus délicate qu’il n’y paraît. Du coup, vers la fin, la courte déflagration manque quelque peu son effet cinématographique.
En revanche, il prend la pleine mesure de la partie orchestrale du Concerto Égyptien de Saint-Saëns qui suit. Mäkelä accompagne Alexandre Kantorow avec un esprit irrésistible. L’orchestre bondit, se fait petite souris puis enfle avec démesure pour se retirer ensuite en un clin d’œil. Il faut dire que le pianiste n’est pas en reste de folle virtuosité qu’il pratique avec une variété d’accents confondante et un ton rhapsodique fort à -propos. Dans l’Andante, sous ses doigts cantabile le thème nubien trouve un charme renouvelé. Mais c’est le Finale qui met le feu à la Philharmonie, le jeu entre le soliste et l’Orchestre de Paris atteignant des sommets de vitesse et d’humour.
Pour calmer une salle en liesse, Kantorow joue en premier bis la Cançó n° 6 de Mompou autrefois chère à Arturo Benedetti Michelangeli. On se doute que le pianiste fait son miel de l’indication Cantabile espressivo qui régit cette pièce. Il la transcende même et l’applique aussi au Sonnet de Pétrarque n° 104 de Liszt dont il donne une lecture élégiaque et fluide.
Un Lachrimae Antiquae de Dowland reprenant son célèbre Flow my tears est joué avec sobriété après l’entracte par huit musiciens (premiers pupitres de violons, d’altos, de violoncelles et de contrebasses). Mäkelä choisit d’enchainer sans pause la Symphonie n° 2 de Schumann. Un choix incompréhensible d’autant que la transition sonne abrupte bien que le tempo particulièrement lent qu’il choisit pour l’introduction retient un peu de cet esprit méditatif. Pour la suite, il met en valeur les cordes dont on mesure les fantastiques progrès plastiques réalisés sous sa direction.
Le chef laisse littéralement son orchestre jouer tout en veillant à l’impulsion. Il est bien dommage que la clarinette au legato disparu brise la magie de l’Adagio et limite le retour du thème dans un Finale un peu terrien.
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Philharmonie, Paris Le 15/11/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Alexandre Kantorow à la Philharmonie de Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade - Ouverture de féérie (1899)
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Concerto pour piano n° 5 en fa majeur op. 103 « Égyptien »
Alexandre Kantorow, piano
John Dowland (1563-1626)
Lachrimae Antiquae (1604)
Robert Schumann (1810-1856)
Symphonie n° 2 en ut majeur, op. 61 (1846)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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