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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Nouvelle production de La Esmeralda de Louise Bertin dans une mise en scène de Jeanne Desoubeaux et sous la direction de Benjamin d’Anfray au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris.
Esmeralda finit au bûcher
Jeanne Desoubeaux exhume l’opéra La Esmeralda de Louise Bertin au Théâtre des Bouffes du Nord. En voulant traiter de façon moderne les sujets féministes inhérents à l’œuvre, la metteuse en scène n’évite ni l’écueil de la trivialité ni celui du cliché. Pour ne rien arranger, la distribution ne se montre pas à la hauteur de la musique de la compositrice.
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Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
Le 21/11/2023
Chloë ROUGE
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
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Le Théâtre des Bouffes du Nord accueille en coproduction avec St-Étienne, Avignon, Tours, Vichy et Meudon La Esmeralda de Louise Bertin, un opéra oublié sur un livret de Victor Hugo dont la musique a été arrangée ici pour piano, violon, violoncelle, clarinette et basson. La mise en scène de Jeanne Desoubeaux situe l’action pendant la construction de Notre-Dame en remplissant l’espace d’échafaudages et d’accessoires de chantier qui se fondent parfaitement aux murs vétustes du Théâtre.
Le devant de la scène, alloué à la Place de Grève puis au Cabaret de la Pomme d’Ève et finalement au bûcher d’Esmeralda, accueille également les musiciens de l’Ensemble Lélio menés par Benjamin d’Anfray. Si l’arrangement de la partition tient la route en se concentrant sur les effets dramatiques, on se pose plus de questions sur les quinze minutes de musique techno mélangées à un Stella Maris, placées en introduction.
Prétexte à une soirée underground et BDSM (la Fête des fous) où Esmeralda, Quasimodo, Frollo, Phoebus et Clopin se débauchent au rythme de l’alcool et du crack, cette entrée en matière ne trouve pas de justification pertinente dans la suite de l’action. Jeanne Desoubeaux rate ce mélange d’époques qui continue sa détérioration jusqu’à la transformation de la pendaison d’Esmeralda en bûcher façon Jeanne d’Arc.
La distribution n’aide pas non plus à prendre l’opéra au sérieux, ni même à la rigolade. Martial Pauliat, en capitaine Phoebus, ne maîtrise pas sa voix de tête et détonne fréquemment. Renaud Delaigue en Frollo, systématiquement en retard, manque d’homogénéité, très à l’aise dans le grave mais faux dans les aigus, et souffre d’un vibrato trop large. Le ténor Christophe Crapez en Quasimodo, rôle le plus discret de l’opéra, s’en sort le mieux mais sans transcender l’air des cloches. Du côté féminin, Jeanne Mendoche incarne une Esmeralda investie au timbre chaleureux mais aux attaques souvent basses.
Que reste-t-il alors pour sauver l’opéra de Louise Bertin ? Trois éléments. Clopin Trouillefou d’abord, incarné par le comédien Arthur Daniel, qui explique et juge facétieusement l’action qui se déroule autour de lui. Les musiciens ensuite, qui font leur possible sous la direction au piano de Benjamin d’Anfray pour rattraper les chanteurs tout en donnant de la fraîcheur à la musique de la compositrice et poétesse. Leurs interventions dans l’action, notamment dans la scène du cabaret, apportent le côté comique qui se marie bien à la narration de Clopin. La scénographie enfin permet de comprendre les enjeux modernes de l’opéra : viol, harcèlement, féminicide et voyeurisme. On regrette cependant que tous ces sujets soient traités si peu subtilement.
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