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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Boris Godounov dans une mise en scène d'Olivier Py et sous la direction d'Andris Poga à l'Opéra National du Capitole de Toulouse.
Boris entre symboles et politique
Le duo Olivier Py-Pierre-André Weitz met en scène au Théâtre du Capitole un Boris avec un vocabulaire clair et lisible. Le plateau maintient les enjeux scéniques à un haut niveau d'exigence, à commencer par le Boris d’Alexander Roslavetz ou le Grigori d’Airam Hernández, avec en fosse la direction attentionnée et rutilante de Andris Poga.
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Olivier Py concentre sa lecture de Boris sur la question de la prise de pouvoir et de ses conséquences – lecture soulignée par les effets visuels de la scénographie de son complice Pierre-André Weitz. Les décors montrent une variation d'espaces qui relie le lieu et sa fonction sur le principe d'une double tournette passant de l'austère façade soviétique d'un immeuble de bureaux et celle de la Douma marquée de la faucille et du marteau à une immense iconostase rutilante contrastant avec une façade en ruines.
Cette vaste fresque historique est jalonnée de poteaux indicateurs très lisibles entre les allégories emblématiques de la Russie éternelle et son pendant contemporain avec moines alcooliques, soldatesque en kalachnikovs et peuple en guenilles. L'Innocent est présent d'un bout à l'autre du spectacle, jouant en pantomime un double dérisoire de Boris associé à une danseuse étoile menacée par des soudards avinés au moment du sacre, rappelant la menace qui plane sur le nouveau tsar.
Moins subtiles, les allusions à l'actualité montrent un sinistre Z géant sur fond de forêt de bouleaux et une immense toile peinte de Saint Staline environné des divinités soviétiques bénissant Saint Poutine… La forêt prend feu à la mort de Boris, offrant à la conclusion un relief visuel spectaculaire.
La distribution est marquée par la belle présence d'Airam Hernández qui offre à Grigori une élégance dans la carrure et le maintien. Le ténor espagnol traduit l'ambition de son personnage sans en exagérer les traits héroïques. Il est suivi de près par le Boris Godounov d'Alexander Roslavets remplaçant au pied levé Matthias Goerne initialement prévu. Si la surface vocale n'a pas toujours le relief nécessaire, le timbre et l'homogénéité de la projection font un bel effet dans la manière de rendre le trouble psychologique et la question du pouvoir contrarié.
Roberto Scandiuzzi est un Pimène sans réel caractère dans le phrasé et la caractérisation, confondant le moine russe avec le Padre Guardiano de La Forza del destino. Svetlana Lifar est remarquable en Nourrice et fait oublier la modeste Xenia de Lila Dufy. Victoire Bunel campe avec une franchise de ton et de ligne le rôle de Fiodor, là où Marius Brenciu limite son Chouiski à une projection trop tendue et sans couleur.
Andreï est remarquablement tenu par Mikhail Timoshenko avec, parmi les autres seconds rôles dont la présence est à noter, l'Aubergiste de Sarah Laulan et le duo Varlaam-Missail de Yuri Kissin et Fabien Hyon. Déception en revanche pour le Yurodivi de Kristofer Lundin vocalement moins impressionnant que sa présence physique lors des différentes pantomimes.
Le Chœur et la Maîtrise du Capitole font honneur à la maison, de par l'impact et le relief qu'ils assurent d'un bout à l'autre de la soirée. La direction d'Andris Poga préfère à une approche massive une lecture laissant affleurer une pluralité de détails dans un flux musical toujours ductile et alerte. L'Orchestre du Capitole déploie des qualités de timbre et de ligne qui donnent à ce Boris Godounov une structure et une poésie de premier ordre.
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 29/11/2023 David VERDIER |
| Nouvelle production de Boris Godounov dans une mise en scène d'Olivier Py et sous la direction d'Andris Poga à l'Opéra National du Capitole de Toulouse. | Modest Petrovitch Moussorgski (1839-1881)
Boris Godounov, drame musical populaire en quatre parties et sept tableaux
Livret du compositeur d'après le drame homonyme d'Alexandre Pouchkine et l'Histoire de l'État russe de Nikolaï Karamzin
Version originale de 1869
Chœur et Maîtrise de l’Opéra national du Capitole
Orchestre National du Capitole de Toulouse
direction : Andris Poga
mise en scène : Olivier Py
décors et costumes : Pierre-André Weitz
Ă©clairages : Bertrand Killy
préparation des chœurs : Gabriel Bourgoin
Avec:
Alexander Roslavetz (Boris Godounov), Victoire Bunel (Fiodor), Lila Dufy (Xenia), Svetlana Lifar (La Nourrice), Marius Brenciu (Chouïski), Mikhail Timoshenko (Andreï), Roberto Scandiuzzi (Pimène), Airam Hernandez (Le faux Dimitri / Grigori), Yuri Kissin (Varlaam), Fabien Hyon (Missaïl), Sarah Laulan (L’Aubergiste), Kristofer Lundin (l'Innocent), Sulkhan Jaiani (Nikititch), Barnaby Rea (Mitioukha). | |
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