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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise de Ma mère l’Oye dans la chorégraphie de Martin Chaix et de L’Enfant et les sortilèges de Ravel dans la mise en scène de Richard Jones et Anthony McDonald, sous la direction de Patrick Lange à l’Opéra de Paris.

Épure et grincements
© Julien Benhamou

L’Opéra de Paris propose une soirée Ravel qui fait le plein à Garnier. Le ballet immaculé de Martin Chaix sur Ma mère l’Oye, formidable exercice pour les élèves de l’École de danse, passe à côté des innombrables possibilités de la partition. L’Enfant et les sortilèges apporte davantage de satisfaction, malgré la direction sans imagination de Patrick Lange.
 

Palais Garnier, Paris
Le 21/11/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • La chorĂ©graphie sur les contes de Ma Mère l’Oye de Ravel Ă©crite par Martin Chaix spĂ©cialement pour les Ă©lèves de l’École de danse de l’OpĂ©ra national de Paris a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en avril dernier. Choisissant l’épure et l’élĂ©gance, le chorĂ©graphe et ses collaborateurs montrent des personnages portant costumes et masques assortis. Dans un dĂ©cor de nuages vaporeux qui ne dĂ©pareraient pas une ravissante chambre d’enfant, la succession des contes de Perrault paraĂ®t peu diffĂ©renciĂ©e et comme aseptisĂ©e. C’est charmant et ne marque guère. D’autant que les pas et figures demandĂ©s aux jeunes danseurs ressemblent plus Ă  des figures acadĂ©miques qu’à une vĂ©ritable caractĂ©risation des personnages.

    Dans cet exercice, les élèves se montrent pour la plupart très satisfaisants voire remarquables. Les mouvements d’ensemble manquent en revanche de cohésion en ce soir de première. Dans la fosse, Patrick Lange se met au diapason de cette vision timide du ballet de Ravel : sa direction lente et peu saillante ne rend pas plus justice au chef-d’œuvre. Il reste que les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra déploient des timbres qu’on devine somptueux et qui ne demanderaient qu’à s’épanouir. De manière heureuse, c’est un peu plus le cas dans L’Enfant et les sortilèges donné en seconde partie de soirée.

    La fantaisie lyrique revient dans la mise en scène de Richard Jones et Anthony McDonald à l’origine couplé au vénéneux Nain de Zemlinsky. Le spectacle n’a pas trop vieilli depuis sa création en 1998. Ici le monde l’enfance vire au rêve et au cauchemar grinçant avec des bonheurs variables selon les tableaux qui se succèdent en d’autant de levers de rideau. On retient par exemple les pâtres et bergères échappés de la toile de Jouy, les chats ramenés à des humains à la recherche de plaisirs triviaux. Les batraciens évoquent les forcenés des tranchées de la Grande Guerre.

    Des artistes de l’Académie ou de la nouvelle troupe lyrique de l’Opéra composent la distribution. Les spécificités et les pièges de la phrase ravélienne sont tels que les non francophones pourtant très bons chanteurs se retrouvent à la peine. Ce n'est donc pas une surprise si l’Arbre d’Adrien Mathonat par ailleurs si riche de timbre fait sensation, tout comme le Feu d’Emy Gazeilles. De la même manière, Cornelia Oncioiu et Amandine Portelli ajoutent beaucoup d’esprit à leur impeccable prestation.

    Mais c’est l’Enfant de Marine Chagnon qui se détache. Parfaitement audible et intelligible, d’un timbre chaleureux, la chanteuse compose un personnage très nuancé, à la fois effrayé et rêveur, faisant de son Toi, le cœur de la rose un pur moment de poésie. Le Chœur d’enfants de l’Opéra et la Maîtrise des Hauts-de-Seine se montrent excellents. Il est d’autant dommage que le chef pourtant expérimenté bride encore trop l’orchestre qui n’habite pas assez l’acoustique du Palais Garnier.




    Palais Garnier, Paris
    Le 21/11/2023
    Thomas DESCHAMPS

    Reprise de Ma mère l’Oye dans la chorégraphie de Martin Chaix et de L’Enfant et les sortilèges de Ravel dans la mise en scène de Richard Jones et Anthony McDonald, sous la direction de Patrick Lange à l’Opéra de Paris.
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Ma mère l’Oye, ballet en un acte, cinq tableaux et une apothéose (1912)
    chorégraphie : Martin Chaix
    décors : Camille Dugas
    costumes : Aleksandar Noshpal
    Ă©clairages : Tom Klefstad

    Avec les élèves de l’École de danse de l’Opéra national de Paris.

    L’Enfant et les sortilèges (1925)
    Fantaisie lyrique en deux parties
    Livret de Colette
    Chœur de l’Opéra National de Paris
    Maîtrise Notre-Dame de Paris, chœur d’adultes
    Maîtrise des Hauts-de-Seine, chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
    Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Patrick Lange
    mise en scène, décors et costumes : Richard Jones & Anthony McDonald
    lumières : Matthew Richardson

    Avec :
    Marine Chagnon (l’Enfant), Cornelia Oncioiu (Maman / la Tasse chinoise / la Libellule), Emy Gazeilles (le Feu / le Rossignol), Boglárka Brindás (la Bergère / la Chauve-souris), Teona Todua (la Princesse), Amandine Portelli (la Chatte / l’Écureuil), Sofiia Anisimova (la Chouette / un Pâtre), Sima Ouahman (une Pastourelle), Ihor Mostovoi (le Fauteuil), Adrien Mathonat (l’Arbre), Andres Cascante (l’Horloge comtoise / le Chat), Tobias Westman (la Théière / la Rainette / le Petit vieillard).

     


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