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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Symphonie n° 8 par l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding à la Philharmonie de Paris.
L’indescriptible concert
Daniel Harding ajoute à ses nombreuses réussites mahlériennes parisiennes une Symphonie des Mille d’une musicalité vibrante. La conjonction des forces innombrables autour de l’Orchestre de Paris trouve sous sa baguette, à la Philharmonie de Paris, une lisibilité qui n’a d’égale qu’une poétique digne de la cosmogonie voulue par le compositeur.
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Daniel Harding marque une longue attente avant de lancer cette déflagration musicale qu’est le Veni creator spiritus. Cette première partie de la Symphonie des Mille appartient sans doute aux pages les plus difficiles pour un chef d’orchestre face à des forces pléthoriques et, surtout, à une écriture d’une folle complexité.
Tout en jouant la carte de la puissance, le chef britannique choisit un tempo plutôt retenu qui a un avantage décisif, celui de rendre plus audible que de coutume la polychoralité développée en toute démesure par le compositeur. Suivant l’attaque de l’orgue, les quelques centaines de choristes trouvent rapidement leurs marques grâce à la respiration particulièrement juste du chef.
L’articulation avec les passages solistes se fait le plus naturellement du monde. Une même énergie traverse tous les interprètes, à l’instar de l’intrépide soprano Sarah Wegener dont les aigus glorieux semblent rameuter des chœurs pourtant au taquet. L’orchestre aux alliages subtils rutile de tous ses pupitres, cuivres en tête, et la première violon solo invitée, Ji-Yoon Park, enchante littéralement l’oreille.
On sait gré à Harding de veiller à une certaine variété dynamique dans les sections centrales particulièrement violentes. Sans jamais provoquer l’écrasement du son, il arrive à partir du Gloria Patri Domino à conduire les forces à encore plus d’expressivité pour une coda renversante pour laquelle un ensemble de cuivres supplémentaires placés au-dessus des chœurs vient couronner le tout. Silence d’une éloquence rare, et lorsque le chef abaisse enfin son bras, rien ne vient rompre cet état de choc.
Une longue pause s’en suit, là aussi dans un calme impressionnant. Lorsque l’orchestre entame la Scène de Faust qui constitue la seconde partie, le contraste mystérieux de sa longue introduction orchestrale joue à plein. Cordes de rêve, cuivres sombres, cymbales d’une grande finesse, bois champêtres construisent un paysage sonore envoutant. Harding trouve comme le lyrisme d’un récit légendaire qu’il communique aux chœurs pour Waldung, sie schwankt heran.
Christopher Maltman montre une voix légèrement meurtrie dans l’aigu mais conserve un magnétisme en adéquation avec les couplets de Pater Ecstaticus. Tareq Namzi fait un Pater Profondus d’une profonde véhémence. Andrew Staples est un choix plutôt léger comme Docteur Marianus mais il compense un manque de puissance par un timbre agréable et une attention au texte.
Chez les femmes, outre Sarah Wegener déjà mentionnée, Johanni van Ostrum, Jamie Barton, et Marie-Andrée Bouchard-Lesieur font plus que remplir leur office. Leurs voix se complètent de manière harmonieuse. L’apparition en majesté de Johanna Wallroth en Mater Gloriosa élégiaque depuis le balcon le plus haut de l’arrière-scène illumine cette seconde partie. Les chœurs atteignent un état de transe, tant chez les adultes que chez les enfants à la belle intonation et à la prononciation exemplaire.
Dans les dernières pages, la vaste acoustique de la salle Pierre Boulez paraît de nouveau idéale pour ce triomphe de lyrisme et de ferveur où l’on ne peut que répéter les paroles : « Voici qu’est accompli l’indescriptible ».
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Philharmonie, Paris Le 24/11/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Symphonie n° 8 par l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 8 en mib majeur « des Mille » (1906-1907)
Sarah Wegener (Magna Peccatrix)
Johanni van Oostrum (Una Poenitentium)
Johanna Wallroth (Mater Gloriosa)
Jamie Barton (Mulier Samaritana)
Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Maria Aegytiaca)
Andrew Staples (Docteur Marianus)
Christopher Maltman (Pater Ecstaticus)
Tareq Nazmi (Pater Profondus)
Chœur de l’Orchestre de Paris
Jeune chœur de Paris
Maîtrise du CRR de Paris
Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris
préparation : Richard Wilberforce, Edwige Parat, Rémi Aguirre Zubiri & Edwin Baudo
Orchestre de Paris
Orchestre du Conservatoire de Paris
direction : Daniel Harding | |
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