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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon à la Philharmonie de Paris.
Similitudes et ruptures
Le concert sacré donné par Pygmalion à la Philharmonie de Paris éblouit. Dans une optique lumineuse et élégante, quatre cantates de Jean-Sébastien Bach (25, 66, 80, 110) et un motet de l’oncle Jean-Chrétien (Mit Weinen hebt sich’s an) sollicitent toutes les qualités de l’ensemble et des solistes sous la direction très détaillée de Raphaël Pichon.
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Concert après concert, Pygmalion et son chef Raphaël Pichon fidélisent un très large public à la Philharmonie de Paris, au point que la salle Pierre Boulez est quasiment comble pour un programme dévolu principalement à quatre cantates du cantor de Leipzig. En préambule, selon une pratique qu’il affectionne, Pichon propose comme un incipit un court motet de Jean-Christophe Bach, l’oncle de Jean-Sébastien, opportunément appelé « C’est dans les larmes que débute ».
Le jeune chef dirige avec beaucoup de tension cette déploration lacrymale de cinq minutes dont il souligne la métrique complexe. Les choristes apportent toute l’expression nécessaire à ces strophes imagées sur l’inexorable vieillissement des individus. Ce sont des images tout autant fortes que Jean-Sébastien Bach convoque pour sa Cantate n° 25 : le seul médecin qui peut guérir de la lèpre qui est ici décrite en détail, c’est Jésus.
Rigoureuse et souvent arcboutée, la direction montre bien ce que le compositeur doit ici à son oncle. Dans l’orchestre, on relève immanquablement la beauté d’intonation et de timbre des trois trombones dont Bach fait ici un usage remarquable. Dernière pièce de la première partie, la Cantate n° 110 forme un contraste bienvenu.
La virtuosité de Pygmalion s’offre de la manière la plus réjouissante dans le premier chœur où les choristes tout en riant en musique doublent les parties des instrumentistes. Les solistes ont ensuite l’occasion de briller à l’instar du ténor Laurence Kilsby qui se montre toujours précis et musical. C’est aussi lui qui détaille le mieux le texte grâce à sa prononciation quasiment idiomatique.
Ce n’est pas le cas pour la soprano Marie Lys plutôt agréable mais pour laquelle les mots semblent peu importants. Lucille Richardot, dont la voix d’alto ne se départit jamais d’une belle présence, est heureusement plus scrupuleuse, tout comme la très rigoureuse basse, Tomáš Král, qui a toute l’autorité requise pour son air accompagné de trompettes éblouissantes.
En début de seconde partie, l’agilité des pupitres de cordes et de vents est à l’honneur avec la Cantate n° 66 qui voit disparaître les tristes pensées au profit de l’exubérance de vocalises délirantes. Pichon cède ici à l’un de ses péchés mignons, celui d’enchaîner sans aucune interruption avec l’œuvre suivante. Certes, le choral introductif de Ein feste Burg ist unser Gott présente plus que des similitudes avec ce qui vient tout juste de s’achever. Mais ces similitudes juxtaposées tout aussi intéressantes qu’elles soient, tendent à banaliser ce début incroyable de cantate où les choristes attaquent bille en tête.
Heureusement, l’interprétation est si lumineuse qu’on se console rapidement de cet effet manqué. Le contrepoint devient vertige, puis dans les numéros suivants le verbe atteint une expressivité inégalée avec au sommet ce qui n’est pourtant qu’un récitatif de la basse, magnifiquement servi. Au court choral conclusif Pichon fait suivre immédiatement le Sanctus de la Messe en si, dont la splendeur sied pour la fin de ce concert plus que réussi. Mais cette fois on relèvera le hiatus stylistique important avec ce qui a précédé !
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Philharmonie, Paris Le 27/11/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon à la Philharmonie de Paris. | Johann Christian Bach (1642-1703)
Mit Weinen hebt sich’s an (1691)
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate Es ist nichts Gesundes an meinem Leibe, BWV 25 (1723)
Cantate Unser Mund sei voll Lachens, BWV 110 (1725)
Cantate Erfreut euch, ihr Herzen, BWV 66 (1724)
Cantate Ein feste Burg ist unser Gott, BWV 80 (1724)
Sanctus (Messe en si mineur, BWV 232) (1724)
Pygmalion
Marie Lys, soprano
Lucile Richardot, alto
Laurence Kilsby ténor
Tomáš Král, basse
direction : Raphaël Pichon | |
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