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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Crépuscule des dieux de Wagner dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Gianandrea Noseda à l’Opéra de Zurich.
Entre Visconti et Kubrick
Remarquable production zurichoise de Crépuscule des dieux achevant un Ring post-chéraldien clair, esthétique et passionnant aussi bien servi dramatiquement que musicalement. Au sein d’une distribution quasi parfaite dominent trois prises de rôle : le Siegfried de Klaus Florian Vogt, le Hagen de David Leigh et la Brünnhilde de Camilla Nylund.
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Arrivé au terme de ce Ring, on ne peut qu’en louer l’homogénéité, la pertinence de la vision et l’excellence de la réalisation. Gianandrea Noseda garde une ligne claire et dramatique adaptée à la taille assez modeste de l’Opernhaus Zürich. Si on a connu davantage de souffle (notamment dans la Marche funèbre), il faut louer une direction qui ne lâche pas l’auditeur, particulièrement dans les interludes où, rideau baissé, on a tout loisir d’admirer la formation zurichoise où brillent particulièrement bois et cuivres (et notamment un impressionnant tuba).
Andreas Homoki, de même, reste fidèle à une vision très claire, d’un post-chéraldisme parfaitement assumé où toute l’action se déroule dans des appartements bourgeois XIXe, offrant ainsi une prise de distance évoquant tant Kubrick (fin de 2001) que Visconti (le crépusculaire Guépard). La tournette est utilisée avec virtuosité, Homoki arrivant à figurer chaque tableau avec intelligence, sans être purement illustratif ou dans une symbolique éloignant par trop du drame. Surtout, la direction d’acteur captive.
Du Siegfried un peu niais dépassé par les événements aux filles du Rhin-Marilyn peroxydées, en passant par un Hagen inquiétant (sec, cheveux longs et lance au poing, comme jadis Wotan), le couple Gunther-Gutrune aux costumes rouge flamboyant ou Brünnhilde d’un blanc immaculé, ce sont autant de figures très pensées et identifiées qui marquent la mémoire.
Tant les chœurs que les chanteurs concourent largement à la réussite de la production. On retrouve avec un plaisir renouvelé le Siegfried de Klaus-Florian Vogt, toujours aussi remarquable. Son timbre clair passe sans peine la masse orchestrale tandis que l’artiste campe avec aisance un personnage innocent. Même constat pour la jeune basse David Leigh, fantastique Hagen. Si la voix n’est pas aussi large que chez certains de ses devanciers, elle est très bien projetée. Le chant, probe, le dispute à une incarnation intense.
Dans ce plateau, toutes les voix sont saines, comme le Gunther de Daniel Schmutzhard, qui évoque le jeune Hampson. À ses côtés, Lauren Fagan est une Gutrune au matériau somptueux (d’un grave très charnu à un aigu lumineux), dont la puissance, la rondeur, la ferveur la destinent à un brillant avenir. Si la Waltraute de Sarah Ferede marque moins, on retrouve avec bonheur l’Alberich d’un Christopher Purves toujours aussi remarquable diseur.
Mais c’est sans doute Camilla Nylund qui offre la plus belle, équilibrée et accomplie des Brünnhilde entendue sur scène depuis longtemps. D’une ardente féminité, elle incarne avec une justesse confondante les différents états du personnage. La voix est magnifique, les aigus dardés jusqu’au bout, et surtout, le chant d’une ferveur impressionnante, capable de tétaniser d’émotion en une note.
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Opernhaus, ZĂĽrich Le 03/12/2023 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de Crépuscule des dieux de Wagner dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Gianandrea Noseda à l’Opéra de Zurich. | Richard Wagner (1813-1883)
Götterdämmerung, troisième journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1876)
Livret du compositeur
Chœur de l’Opéra de Zurich
Philharmonia ZĂĽrich
direction : Gianandrea Noseda
mise en scène : Andreas Homoki
scénographie : Christian Schmidt (avec la collaboration de Florian Schaaf)
vidéo : Tieni Burkhalter
Ă©clairages : Franck Evin
préparation des chœurs : Ernst Raffelsberger
Avec :
Klaus Florian Vogt (Sigfried), Daniel Schmutzhard (Gunther), Christopher Purves (Alberich), David Leigh (Hagen), Camilla Nylund (Brünnhilde), Lauren Fagan (Gutrune), Sarah Ferede (Waltraute), Freya Apffelstaedt (première Norne), Lena Sutor-Wernich (deuxième Norne), Giselle Allen (troisième Norne), Uliana Alexyuk (Woglinde), Niamh O'Sullivan (Wellgunde), Siena Licht Miller (Floßhilde). | |
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