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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise au Grand Théâtre de Genève du Chevalier à la rose de Strauss mis en scène par Christoph Waltz, sous la direction de Jonathan Nott.
Pâle objectivité
Reprise à Genève du spectacle créé à l'Opéra des Flandres en 2013, ce Rosenkavalier se distingue par la froideur de la mise en scène de Christoph Waltz. Le plateau est dominé par l'Octavian de Michèle Losier qui tient la dragée haute à la Maréchale de Maria Bengtsson et la sage Sophie de Mélissa Petit et la direction trop objective de Jonathan Nott.
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Connu pour sa carrière d'acteur – son inoubliable Hans Landa dans Inglourious Basterds de Tarantino –, Christoph Waltz reprend à Genève le Chevalier à la rose dont il avait signé la mise en scène il y a tout juste dix ans à l'Opéra des Flandres dirigé à cette époque-là par l’actuel patron du Grand Théâtre. Une production très sage de contours et de contenus, prisonnière d'une esthétique corsetée. La comédie de Hofmannsthal est déplacée dans un univers intemporel peuplé aussi bien de complets-cravates que de jupons bouffants et manchettes en dentelles, tout un attirail anachronique qui fait écho au mélange des genres d’une œuvre située au XVIIIe mais pleine de valses viennoises typiques du siècle suivant.
Le livret contraste avec la froideur du décor au point de souligner tout ce qui, dans la mise en scène, apparaît comme des gestes de convention et des déplacements bien timorés. L'action flotte dans un décor trop grand, si peu rococo dans les accessoires et dans les idées. Au lever de rideau, le lit de la Maréchale est déjà le lieu de la séparation et non celui des amours licencieuses.
La Présentation de la rose se fait dans une propreté de gestes et de couleurs quasi chirurgicale et aseptisée, à l'exception du gag d'Octavian confondant Sophie avec sa demoiselle de compagnie. Rien de bouffon ou de réellement enlevé dans le rythme et l'atmosphère de l'auberge qu'on peine à distinguer des deux actes précédents, le dispositif scénique demeurant inchangé – vaste pièce et couloirs à vue à l'arrière.
Dans la distribution, il faut se contenter de l'Octavian très engagé et volontaire de Michèle Losier pour trouver un motif de satisfaction. La mezzo cherche dans l'abattage un intérêt qui souvent se dérobe au fil des scènes. Elle dessine un personnage pris dans ses contradictions et une tristesse sentimentale à mettre sur le compte d'une impossibilité d'aimer réellement.
Maria Bengtsson retrouve la Maréchale qu'elle chantait déjà à l'Opéra des Flandres. La voix est très mate et assez limitée en projection comme en expression (Da geht er hin). La Sophie de Mélissa Petit fait entendre une ligne délicate et incarnée malgré un souffle parfois trop court (Wo war ich schon einmal) avec un Matthew Rose trop policé et pour faire croire aux balourdises du Baron Ochs, tandis que Bo Skovhus aboie un peu son Faninal.
La direction de Jonathan Nott s'attache à mettre en valeur le brillant et la virtuosité sans pour autant s'intéresser à la continuité et à la circulation du sentiment. Cohérente autant que précise, sa conception tire Strauss vers une objectivité qui semble vider l'expression de sa nécessaire versatilité et la densité de son matériau. Le dernier acte est sans doute plus en adéquation avec les enjeux d'une partition dont on mesure clairement les chausse-trappes et les arrière-plans.
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Grand Théâtre, Genève Le 13/12/2023 David VERDIER |
| Reprise au Grand Théâtre de Genève du Chevalier à la rose de Strauss mis en scène par Christoph Waltz, sous la direction de Jonathan Nott. | Richard Strauss (1864-1949)
Der Rosenkavalier, comédie en musique (1911)
Livret de Hugo von Hofmannsthal
Chœur du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse Romande
direction : Jonathan Nott
mise en scène : Christoph Waltz
décors : Annette Murschetz
costumes : Carla Teti
Ă©clairages : Franck Evin
prépration des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
Maria Bengtsson (La Maréchale), Michèle Losier (Octavian), Mélissa Petit (Sophie), Matthew Rose (Baron Ochs), Bo Skovhus (Faninal), Thomas Blondelle (Valzacchi), Ezgi Kutlu (Annina), Giulia Bolcato (Marianne Leitmetzerin), Omar Mancini (Un ténor italien), Stanislas Vorobyov (Un commissaire de police), Louis Zaitoun (Le majordome de la Maréchale), Marin Yonchev (Le majordome de Faninal), William Meinert (Le Notaire), Denzil Delaere (L'Aubergiste). | |
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