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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Lahav Shani, avec le concours du clarinettiste Martin Fröst à la Philharmonie de Paris.

Emporté par la fougue
© Marco Borggreve

Programme étrange pour la visite annuelle de Lahav Shani à l’Orchestre de Paris : le Concerto pour clarinette de Mozart où Martin Fröst a fait montre d’une folle virtuosité à défaut d’une leçon de style, suivi de la Sixième Symphonie de Mahler. Dans cette dernière, Shani entraîne les musiciens dans une lecture univoque plus fruste qu’émotionnelle.
 

Philharmonie, Paris
Le 18/01/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Ă€ mains nues, Lahav Shani lance d’un geste impĂ©rieux l’Allegro du Concerto pour clarinette de Mozart. Martin Fröst s’élance Ă  son tour, en parfait accord, dans une lecture virtuose oĂą brille sa sonoritĂ© ailĂ©e. Ce Mozart est surarticulĂ©, tant par l’orchestre que par le soliste, prodigue en accentuations et ornementations. L’Adagio, peu nostalgique, confirme que ces traits stylistiques qui se dĂ©fendent sans doute, nuisent Ă  la ligne de chant. Le Rondo voit naturellement le retour d’une folle virtuositĂ©. Fröst semble avoir un souffle infini, ne se pose jamais. Les mĂ©lodies se succèdent dans une ronde effrĂ©nĂ©e qui Ă©voque plus le style Klezmer que la fin du XVIIIe siècle.

    Du reste, c’est une danse Klezmer composée par son frère que le musicien suédois joue en premier bis, accompagné de manière très vivante par les excellentes cordes de l’Orchestre de Paris. Un second bis, une superbe transcription de la mélodie Nature Boy composée par Eden Ahbez pour Nat King Cole achève s’il le fallait de nous convaincre du talent de Fröst qui donne enfin du son et chante comme on l’attendait dans Mozart.

    À l’opposé de cette première partie lumineuse, Shani dirige après l’entracte la cauchemardesque Symphonie n° 6 de Mahler. Ne retenant que l’adjectif énergique dans l’indication du premier mouvement, Allegro energico ma non troppo, le chef israélien marque brutalement la marche, emporte tout sur son passage, et néglige de ce fait le portrait d’Alma dans le deuxième thème qui sonne de manière sèche. Au point qu’on se demande si c’est délibéré ou si le chef n’a pas conscience des riches possibilités à sa disposition avec l’Orchestre de Paris.

    La pulsation ne faiblit pas dans le Scherzo placé en deuxième position. Il sollicite les pupitres de cuivres à plein régime donnant tout le caractère pesant requis. Ceux qui espéraient un répit avec l’Andante en sont pour leurs frais. Shani conserve sa nervosité, ne respire pas et même le pittoresque des cors et des cloches ne semble appeler aucune image chez lui. Le Finale reprend ces caractéristiques, et plus que jamais son approche semble univoque, sans transition, jouant des ruptures les plus triviales, ne cherchant aucune culture du son particulière. À ce régime, la fatigue gagne quelque peu les musiciens mais c’est avec enthousiasme qu’ils ovationnent ensuite le chef.




    Philharmonie, Paris
    Le 18/01/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Lahav Shani, avec le concours du clarinettiste Martin Fröst à la Philharmonie de Paris.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Concerto pour clarinette en la majeur KV 622 (1791)
    Martin Fröst, clarinette
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 6 en la mineur « Tragique Â» (1906)
    Orchestre de Paris
    direction : Lahav Shani

     


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