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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Jules César de Haendel dans la mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Harry Bicket à l’Opéra de Paris.
Enfermé au musée
Treize années après sa création, la mise en scène de Laurent Pelly enfermant le Jules César de Haendel dans les réserves d’un musée ne s’est pas bonifiée. La distribution prometteuse sur le papier n’y peut mais. En revanche la mutation relative de l’Orchestre de l’Opéra de Paris en ensemble baroque permet d’envisager d’autres expériences.
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Lorsqu’en janvier 2011 le rideau se lève sur la production de Jules César de Haendel mise en scène par Laurent Pelly, la série de films américains à succès La Nuit au musée avec Ben Stiller est déjà riche de deux opus. Avec Pelly, le procédé se décline tout bonnement dans les réserves du musée égyptien du Caire : dans les magasins les statues antiques prennent vie.
Aujourd’hui comme hier, cette grosse astuce ne nous apprend rien sur le drame amoureux entre César et Cléopâtre car la rencontre avec notre époque se réduit au fait que les magasiniers se désolent de voir les objets déplacés de manière inexpliquée, gag répété tout au long de la soirée. D’une cohérence toute relative, le propos va souvent contre la musique : ainsi des effets comiques contrariant les scènes de séduction. Plus grave encore, les personnages peinent en fait à prendre vie, à l’instar du rôle principal qui reste statufié.
Gaëlle Arquez se montre fort engoncée par rapport à sa prestation au Théâtre des Champs-Élysées en mai 2022. Ce soir, son Cesare semble sur la réserve tant scénique que vocale. La Cléopâtre de Lisette Oropesa ne manque pas de présence en revanche, au point que sa prestation envahit l’espace au détriment de ses partenaires. Dans les vocalises comme dans les déplorations la chanteuse grossit le trait, savonne parfois et n’ornemente qu’avec parcimonie.
On lui préfère le Ptolémée de Iestyn Davies, d’un caractère trempé et d’une voix sachant mesurer ses effets. Et l’on retrouve une nouvelle fois avec plaisir l’art haendélien accompli d’Emily D’Aneglo, timbre rougeoyant et jeu psychologique nuancé pour un Sextus juvénile. La Cornélia de Wiebke Lehmkuhl déploie un timbre maternel d’une belle dignité, là où l’Achille de Luca Pisaroni n’est que coups de glotte. La partition jouée n’est pas démembrée comme ailleurs, ce qui permet de louer le Curius à la belle présence d’Adrien Mathonat et l’impayable Nirenus de Rémy Bres.
La particularité de cette série restera que l’orchestre en fosse est celui de l’Opéra national de Paris, sous la direction du spécialiste Harry Bicket. Un continuo exemplaire dans les récitatifs, des cordes et des vents tout à fait crédibles dans un effort sans précédent pour donner corps à une lecture qui se rapproche du musicalement informé à défaut d’être très dramatique.
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