|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Daniil Trifonov à la Philharmonie de Paris.
HĂ©ros sans partage
Klaus Mäkelä se montre plus énergique que jamais dans un programme éclectique, partant du magma orchestral de la nouvelle coqueluche de la musique d’aujourd’hui, Anna Thorvaldsdottir, à la Vie de héros de Strauss. En passant, il aura marqué une nette différence d’approche dans Chopin avec son soliste Daniil Trifonov.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Poursuivant son action vivifiante en faveur de la musique d’aujourd’hui, Klaus Mäkelä présente ce soir en ouverture de concert la création française d’ARCHORA, une pièce de celle qu’on nomme « la Björk de la scène classique », Anna Thorvaldsdottir. L’Islandaise a composé une pièce qui dure dix-neuf minutes pour étudier la masse et la densité des plans sonores. D’où une pâte orchestrale d’une belle matière traversée d’événements organiques ou extérieurs comme des pizzicatos de cordes comme autant de craquelures. Cet écosystème semble pouvoir durer indéfiniment mais il finit par s’arrêter. C’est une composition moins complexe dans son écriture qui poursuit le programme.
Mäkelä introduit le Concerto pour piano n° 1 de Chopin de manière tonitruante, presque grandiloquente, brossant l’orchestre à grands coups de pinceaux comme une fresque épique. La surprise est grande d’entendre ensuite Daniil Trifonov prendre le contre-pied de cette approche : lenteur, nuances pianos exquises, comme s’il jouait une réminiscence nostalgique de ce concerto. Ce premier mouvement s’étire ainsi très (trop ?) longuement, toujours avec le même contraste entre chef et soliste.
Davantage de cohérence marque le Larghetto, plus rêveur que jamais. Aux sublimes subtilités de toucher du soliste, l’orchestre répond de manière plus ou moins heureuse : splendide pupitre de violoncelles mais cor bien prosaïque. Le Rondo voit le retour de l’énergique chef finlandais qui ne revient pas saluer avec le soliste. Celui-ci prodigue en bis une très raffinée Variation sur un thème de Chopin de Mompou.
Seul maître à bord après l’entracte, Mäkelä entonne avec une extrême vigueur la première partie d’Une Vie de héros de Richard Strauss. C’est un portrait édifiant d’énergie qu’il peint, poussant l’Orchestre de Paris dans ses retranchements. Après les sarcasmes violents envoyés aux adversaires du héros, La compagne arrive un peu de manière fortuite. Andrea Obispo, le violon solo invité, fait montre d’une technique merveilleuse mais peine à incarner la féminité imprévisible de Mme Strauss.
Cette parenthèse passée, Mäkelä conduit ses troupes à la bataille dans un style peu cultivé, où le timbalier tient la vedette avec une certaine trivialité. Il faut attendre le dernier épisode marquant le retrait du monde pour que le chef trouve un équilibre dans cette lecture à l’emporte-pièce.
| | |
|
Philharmonie, Paris Le 24/01/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Daniil Trifonov à la Philharmonie de Paris. | Anna Thorvaldsdottir (*1977)
ARCHORA (2022)
Frédéric Chopin (1810-1849)
Concerto pour piano n° 1 en mi mineur, op. 11 (1830)
Daniil Trifonov, piano
Richard Strauss (1864-1949)
Ein Heldenleben, op. 40 (1898)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
| |
| | |
|