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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Rusalka de Dvořák dans une mise en scène de Rodula Gaitanou et sous la direction de Giampaolo Bisanti à l’Opéra de Wallonie-Liège.

Entre deux eaux
© J. Berger

Rodula Gaitanou signe à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège une très sage mise en scène qui fait de l’ondine Rusalka l'héroïne d'une fable austère et symboliste. Le plateau vocal brille par quelques individualités sinon par le rôle-titre de Corinne Winters, là où la fosse placée sous la direction de Giampaolo Bisanti demeure atone.
 

Opéra de Wallonie, Liège
Le 27/01/2024
David VERDIER
 



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  • Depuis une bonne dizaine d'années, Rusalka connaît un étonnant succès, témoignage de la qualité d'une Å“uvre dont on a trop longtemps cru qu'elle se résumait à son Hymne à la lune et à La Petite sirène d'Andersen. Cette histoire d'amour impossible offre plusieurs grilles de lectures, dont la question d'un couple disparate et le sacrifice d'un être réduit au silence pour pouvoir vivre cet amour. Ces pistes sont explorées par leur versant purement illustratif dans la mise en scène de Rodula Gaitanou qui permet à l'ouvrage de faire son entrée au répertoire de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

    À trop vouloir ménager des codes évidents, la scénographie n'offre du drame de Jaroslav Kvapil qu'une approche sans grand relief, confinée dans des codes esthétiques d'un symbolisme très convenu. Un escalier à vis s'élève à jardin illustre le passage du monde inférieur des ondines à la surface où vivent les humains. Pour souligner le procédé, un large anneau dans la partie supérieure descend pour désigner la margelle de la source où vient s'abreuver le Prince, remonte vers les cintres sous la forme d'une galerie d'une salle de danse avant de finir sous la forme d'une voûte fissurée pour signifier le rêve brisé de Rusalka.

    Les chorégraphies de Gianni Santucci mettent en valeur les voiles vaporeux des nymphes contrastant avec les fracs noirs et les robes de soirée de la cour du Prince. Seule la sorcière Ježibaba n'a pas droit à un élément de décor mais à un étonnant maquillage gothique quelque part entre la famille Addams et Frieda Kahlo. Rusalka apparaît derrière un rideau de strass, hiératique et figée dans sa version sirène avec sa longue chevelure à la Mélisande. Réduite à une tragique calvitie au III, elle se balance dans son fauteuil à bascule en attendant le retour du prince.

    Le plateau est dominé par le timbre riche et opulent de Nino Surguladze (Ježibaba) qui fait entendre un remarquable sens du phrasé et de la couleur. Le Prince d’Anton Rositskiy ne manque pas de brio dans les aigus mais l'expression demeure absente, à la différence d'Evgeny Stavinsky, excellent de ligne et de projection en Ondin.

    On avouera notre déception en découvrant la façon dont Corinne Winters durcit son émission, offrant du rôle-titre un portrait psychologique monoligne et sans nuances. Jana Kurucová (la Princesse étrangère) prend quelques risques dans les aigus, livrant un personnage véhément et brut de décoffrage tandis que les seconds rôles tirent brillamment leur épingle du jeu.

    La direction de Giampaolo Bisanti plombe aux entournures une partition qui exige de l'orchestre un réseau complexe de nuances et de rythmes. Sa battue rectiligne écrase les détails en exposant certains pupitres sans ménager la ligne mélodique.




    Opéra de Wallonie, Liège
    Le 27/01/2024
    David VERDIER

    Nouvelle production de Rusalka de Dvořák dans une mise en scène de Rodula Gaitanou et sous la direction de Giampaolo Bisanti à l’Opéra de Wallonie-Liège.
    Antonín Dvořák (1841-1904)
    Rusalka, opéra en trois actes (1901)
    Livret de Jaroslav Kvapil d’après des ballades tchèques traditionnelles de Karel Jaromir Erben

    Chœur et Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège
    direction : Giampaolo Bisanti
    mise en scène : Rodula Gaitanou
    décors et costumes : Cordelia Chisholm
    éclairages : Simon Corder
    chorégraphie : Gianni Santucci
    vidéos : Dick Straker

    Avec :
    Corinne Winters (Rusalka), Evgeny Stavinsky (Vodnik), Anton Rositskiy (Le Prince), Jana Kurucová (La Princesse étrangère), Olesya Petrova (Jezibaba) Jiří Rajniš (le Garde forestier), Hongni Wu (le Marmiton), Lucie Kaňková (Première nymphe), Kateřina Hebelková (Deuxième nymphe), Sofia Janelidze (Troisième nymphe), Alexander Marev (le Chasseur).

     


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