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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert hommage à Kaija Saariaho sous la direction d’Esa-Pekka Salonen, avec le concours de la flûtiste Sophie Cherrier et du violoncelliste Anssi Kartunen à la Philharmonie de Paris.
Lumière vivifiante
Pour son troisième et dernier programme de la saison à Paris, Esa-Pekka Salonen a rendu hommage à la grande compositrice Kaija Saariaho en compagnie de nombre de ses proches. Deux beaux concertos de la Finlandaise sont venus se mêler aux envoûtantes Océanides de Sibelius et au très spectaculaire Kraft de Magnus Lindberg.
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La disparition prématurée de Kaija Saariaho le 2 juin 2023 a entraîné la modification du programme de la carte blanche à Esa-Pekka Salonen. Car le chef finlandais est non seulement un compatriote mais surtout un proche de la compositrice depuis la constitution d’Oreilles ouvertes, une association visant à diffuser la musique contemporaine qu’ils fondèrent en 1977 à Helsinki avec d’autres compositeurs dont Lindberg.
À un concert anthologique, le chef a préféré un programme finlandais mettant en regard deux œuvres de Saariaho à Sibelius et Lindberg. Comme le rappelle justement Alexis Barrière, fils de la musicienne, dans le programme de salle, le processus de création de sa mère consistait entre autres à se confronter à d’autres musiques. La création française de la version de chambre d’Aile du songe ouvre la soirée.
Ce concerto pour flûte en deux parties et cinq sections joue sur la suavité de l’instrument, ce soir incarné par la sublime Sophie Cherrier. Inspirée d’un recueil de Saint-John Perse, poète essentiel dans le processus d’intégration de Saariaho à la culture française, l’œuvre décline de manière classique le rapport du soliste à l’orchestre jusqu’à son évanouissement dans le silence.
Cette version réduite avec les forces mêlées de l’Orchestre de Paris et de l’Intercontemporain gagne en finesse grâce à la direction concise de la fille de la compositrice, Aliisa Neige Barrière. Salonen prend la relève pour le reste du programme. Les Océanides de Sibelius répondent avec force à ce qui a précédé. Salonen obtient de l’Orchestre de Paris une fluidité de rêve qu’il pare d’ombres et d’une densité inquiétante pour une interprétation de référence. Un second concerto de la disparue vient clore la première partie.
Notes on Light a ce soir comme soliste le violoncelliste Anssi Kartunen, dédicataire de l’œuvre. Sa sonorité plus rugueuse que jamais convient à l’opposition avec un orchestre translucide voulue par la compositrice. Salonen suscite des nuances moirées ensorcelantes tandis que le soliste ne se dépare pas d’une âpreté peu renouvelée. Après l’entracte, le contraste est plus fort que jamais avec Kraft de Magnus Lindberg, ode furieusement et joyeusement bruyante à la musique.
Cette composition phare des années 1980 montre la profusion de la musique finlandaise d’alors. Une œuvre rêvée pour la salle Pierre Boulez tant son instrumentarium sollicite l’espace et l’acoustique. Un spectacle autant visuel que sonore. L’accord initial assourdissant justifie les bouchons d’oreilles distribués par les ouvreurs. On a une pensée amusée pour les spectateurs du premier rang face à un gong de fort belle taille.
Impossible d’énumérer tous les phénomènes sonores formant un patchwork habile et réjouissant. Salonen, qui a enregistré la pièce par deux fois, en 1986 chez Finlandia puis en 2002 pour Ondine, emmène tous les musiciens au triomphe.
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Philharmonie, Paris Le 15/02/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert hommage à Kaija Saariaho sous la direction d’Esa-Pekka Salonen, avec le concours de la flûtiste Sophie Cherrier et du violoncelliste Anssi Kartunen à la Philharmonie de Paris. | Kaija Saariaho (1952-2023)
Aile du songe, pour flûte et orchestre de chambre (2001)
RĂ©duction pour orchestre de chambre de 2021
Sophie Cherrier, flûte
direction : Aliisa Neige Barrière
Jean Sibelius (1865-1957)
Les Océanides, op. 73 (1914)
Kaija Saariaho
Notes on Light, pour violoncelle et orchestre (2006)
Anssi Karttunen, violoncelle
Magnus Lindberg (1958)
Kraft, pour solistes et orchestre, avec Ă©lectronique (1983-1985)
JĂ©rĂ´me Comte, clarinette
Éric-Maria Couturier, violoncelle
Gilles Durot & Samuel Favre, percussions
SĂ©bastien Vichard, piano
Manuel Poletti, Ă©lectronique Ircam
Orchestre de Paris
Ensemble intercontemporain
direction : Esa-Pekka Salonen | |
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