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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Yunchan Lim à la Philharmonie de Paris.
Brève rencontre
Déception relative pour le Concerto pour piano n° 2 de Rachmaninov où le jeu du jeune Coréen, Yunchan Lim semble se dérober à la direction affirmée de Klaus Mäkelä. La Symphonie n° 11 de Chostakovitch, L’année 1905, montre en revanche la symbiose de l’Orchestre de Paris et de son chef dans une lecture emportée.
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Tout commence de belle façon : les accords puissants du piano bientôt entouré par les flots orchestraux dans le plus pur style romantique. Au jeu projeté de Yunchan Lim répond l’orchestre capiteux et enivrant de Klaus Mäkelä. Mais au cours des accalmies de ce premier mouvement du Concerto pour piano n° 2 de Rachmaninov, un sentiment diffus de malaise s’installe, marqué par l’alternance trop accusée des séquences.
L’Adagio sostenuto permet de préciser les choses. Le jeune prodige coréen use d’un rubato très important qui décompose presque le caractère organique des phrases. Le chef l’accompagne certes, mais sans qu’une quelconque fusion ne se fasse. Pour l’Allegro scherzando, Lim déploie une très belle virtuosité à grands coups de pédale mais cherche aussi autant que possible à alléger le discours, ce qui ne semble pas tout à fait l’optique de Mäkelä plus préoccupé par les superbes solos de son orchestre, finissant de nous convaincre d’une rencontre quelque peu ratée.
Souhaitons que les deux artistes se trouvent davantage durant la tournée en Amérique du Nord qu’ils vont entreprendre avec l’Orchestre de Paris. En attendant, l’Étude op. 25 n° 7 de Chopin jouée en bis confirme l’extrême raffinement, parfois jusqu’au maniérisme, du jeu du vainqueur du concours Van Cliburn de 2022. Si la Symphonie n° 11 « L’Année 1905 » de Chostakovitch qui suit après l’entracte fait un curieux complément de programme, c’est simplement qu’initialement le pianiste devait présenter le Concerto pour piano n° 2 de Prokofiev avant de se raviser.
Un changement d’esthétique radical souligné par la sobriété avec laquelle Mäkelä aborde l’évocation de la Place du palais. La désolation voulue par le compositeur sonne ici un peu de manière abstraite tant la mise en place impeccable du rapport entre les cordes et les vents en sourdine ne se renouvelle pas et peine à suggérer l’imminence de la révolte. En revanche, la même rigueur fait mouche dans le deuxième mouvement (Le 9 janvier) dont la progressivité est parfaitement amenée, jusqu’à une sorte d’apocalypse orchestrale.
Pour la Mémoire éternelle, le pupitre d’altos de l’Orchestre de Paris allie une fabuleuse beauté d’intonation à un grain parfaitement dosé. Il en ressort une douloureuse amertume absolument bouleversante. D’une écriture plus triviale et décousue, Le Tocsin final voit Mäkelä littéralement déchaîner ses musiciens emmenés par des percussions impressionnantes dans une réjouissante emphase. Le chef et le timbalier achèvent la symphonie sur un effet cinématographique. Comme un arrêt sur image, les deux musiciens restent en imitation le bras levé pour une longue minute de silence.
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Philharmonie, Paris Le 07/03/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Yunchan Lim à la Philharmonie de Paris. | Sergeï Rachmaninov (1873-1943)
Concerto pour piano n° 2 en ut mineur, op. 18 (1901)
Yunchan Lim, piano
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 11 en sol mineur op. 103, « L’Année 1905 » (1957)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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