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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital de la pianiste Ingrid Jacoby Ă la salle Cortot, Paris.
RĂ©cital en demi-teinte
Le risque d’un concert en demi-teinte couvait dans le programme trop éclectique d’Ingrid Jacoby – Mozart, Bach-Busoni, Fauré, Debussy, Ravel, Beethoven puis Chopin –, risque mu en écueil sous des doigts de la pianiste, Salle Cortot, où aucune ligne de force ne se dégage dans l’interprétation de l’une ou l’autre des pièces, sauf peut-être dans Mozart.
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Ingrid Jacoby ouvre son récital avec la Sonate n° 13 de Mozart : une belle entrée en matière dans laquelle la pianiste garde un son clair et une interprétation droite, dans l’esprit classique, relevé par une jovialité naturelle dans les parties les plus facétieuses. La pédale ne sert qu’avec parcimonie, de sorte à entendre toutes les voix, tandis que la partition se déploie avec beaucoup d’élégance. Dans la Chaconne en ré mineur de Bach transcrite pour piano par Busoni, la pédale, trop présente, empêche d’entendre les voix intérieures, que la pianiste n’a d’ailleurs pas décidé de mettre en valeur.
Trois courtes pièces de compositeurs français, l’Impromptu n° 1 de Fauré, la Pavane pour une infante défunte de Ravel et Les collines d’Anacapri de Debussy ont été choisis pour entamer la deuxième partie. Délicat et souple, l’impromptu augurait une bonne maîtrise de ce répertoire français, mais à peine l’énergie des applaudissements atténuée, Jacoby débute la pavane de Ravel. Peut-être est-ce pour cela qu’elle prend un tempo presque Andante pour cette danse normalement lente et grave. Un choix qui manque son effet.
De manière générale, les choix de l’artiste en termes de tempi et de contrastes notamment, laissent perplexe et donnent à penser que Jacoby joue au fil de la musique. Dans Bach-Busoni comme dans Beethoven (Sonate n° 30 op. 109) et Chopin (Ballade en lab majeur) la pianiste cherche à donner des effets : sans vraiment utiliser le rubato, elle casse la ligne rythmique créant une instabilité rythmique en contradiction avec la partition.
Exemple le plus flagrant : les méconnaissables Collines d’Anacapri, prélude tiré du Livre I de Claude Debussy, aux tempi souvent mis en défaut, aux appoggiatures sujettes à caution et sans unité du matériau thématique. Ou de même, dans la Ballade n° 3 de Chopin, où la pianiste, dans la difficulté des traits de la main droite, maîtrise imparfaitement les octaves.
Les deux premiers mouvements de la Sonate n° 30 de Beethoven retrouvent pourtant la cohérence de la sonate de Mozart. La main gauche s’y montre dans un jeu clair et distinct, notamment dans le Prestissimo. Mais le thème du troisième mouvement impose une qualité que les six variations n’arrivent pas à suivre et où la pédale noie l’harmonie et oblige la pianiste à marteler sans jamais vraiment ouvrir la sonorité de son Steinway.
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Salle Cortot, Paris Le 19/03/2024 Chloë ROUGE |
| RĂ©cital de la pianiste Ingrid Jacoby Ă la salle Cortot, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour clavier n° 13 en sib majeur KV 333
Bach arrangé par Busoni
Chaconne en ré mineur
Arrangement : Busoni
Gabriel Fauré (1845-1924)
Impromptu n° 1
Maurice Ravel (1875-1937)
Pavane pour une infante défunte
Claude Debussy (1862-1918)
Les collines d’Anacapri (Préludes, livre I)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano n° 30 en mi majeur op. 109
Frédéric Chopin (1810-1949)
Ballade n° 3 en lab majeur, op. 47
Ingrid Jacoby, piano | |
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