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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert du Quatuor Agate au Théâtre de l’Atelier, Paris.
Nuit agitée
Le Quatuor Agate, dans un concert de présentation de son premier album chez MIRARE, ne réussit pas tout à fait son évocation du monde nocturne, que ce soit avec le Quatuor n° 1 de Brahms ou avec La Nuit transfigurée de Schoenberg. Avec la complicité de Bertrand Laude, l’Adagio du quintette pour clarinette de Brahms parvient enfin à traduire la nuit romantique.
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Le Quatuor Agate est accueilli par une formidable ovation. De toute évidence, proches et amis sont venus célébrer avec les musiciens la parution de l’album regroupant les trois quatuors à cordes de Brahms chez MIRARE. L’ensemble fondé en 2016 présente « une nuit fantasmée (…) où le visuel se même au musical pour souhaiter à Brahms Eine gute Nacht ».
Devant un décor figurant des blocs de pierres suspendus plongé dans une lumière bleutée, les quatre musiciens ouvrent le concert avec le Quatuor n° 1 en ut mineur. Avec les Agate, le premier mouvement échappe à la sévérité qu’il a souvent sous d’autres archets. Si l’on retrouve l’élan romantique de leur bel enregistrement, la cohérence fait malheureusement défaut ce soir. Le frémissement attendu se traduit notamment chez le premier violon par des attaques brutales et une acidité dans la sonorité absentes sur le disque.
C’est d’autant dommage que l’on sent derrière la nervosité excessive des musiciens une interprétation raffinée. Le nom de l’ensemble fait référence à la seconde muse du compositeur, Agathe von Siebold qui lui a inspiré plusieurs pages. De manière amusante, les Agate ont invité la soprano Agathe Peyrat à se joindre à eux pour An eine Äolsharfe, une mélodie sur un poème de Mörike qui inspirera aussi Wolf et Reger. Leur adaptation pour voix et quatuor à cordes se défend mais la prestation de la chanteuse appelle qu’on jette dessus un voile pudique.
Après l’entracte, la lumière se fait sur une loge du cadre de scène depuis laquelle la soprano entonne la célèbre berceuse Gute Nacht de Brahms, accompagnée avec une sobriété de bon aloi par l’accordéoniste Pierre Cussac. Sur scène, les Agate auxquels se sont joints Léa Hennino et Caroline Sypniewski enchaînent avec La Nuit transfigurée de Schoenberg. Leur interprétation du sextuor fait entendre de belles individualités (dont le second violon, Thomas Descamps) mais peine à trouver une unité dans l’expressivité parfois un peu malmenée.
Un dernier invité rejoint les Agate pour le seul mouvement lent du Quintette pour clarinette et cordes de Brahms. Sous la conduite chaleureuse de Bertrand Laude, l’ensemble trouve le ton juste et dépouillé de cette sublime cantilène. À la coda de cet Adagio, le clarinettiste fait suivre une improvisation qui sort progressivement du climat nocturne. L’accordéon arrive sur scène, se joint à lui, et bientôt les six instruments à cordes les accompagnent dans un délire tzigane endiablé.
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Théâtre de l'Atelier, Paris Le 18/03/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert du Quatuor Agate au Théâtre de l’Atelier, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor à cordes n° 1 en ut mineur, op. 51 n° 1 (1873)
An eine Äolsharfe, op. 19 n° 5 (1858)
Wiegenlied, op. 49 n° 4 (1868)
Agathe Peyrat, soprano
Pierre Cussac, accordéon
Arnold Schönberg (1874-1951)
Verklärte Nacht, op. 4 (1899)
LĂ©a Hennino, alto
Caroline Sypniewski, violoncelle
Johannes Brahms
Quintette pour clarinette et cordes en si mineur, op. 115 (Deuxième mouvement) (1891)
Bertrand Laude, clarinette
Quatuor Agate
Adrien Jurkovic, violon
Thomas Descamps, violon
Raphaël Pagnon, alto
Simon Iachemet, violoncelle | |
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