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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique tchèque sous la direction de Semyon Bychkov, avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou à la Philharmonie de Paris.
La fraîcheur d’un idiome
L’Orchestre philharmonique tchèque et son directeur musical Semyon Bychkov ont donné deux programmes entièrement consacrés à la musique de Dvořák dont on célèbre les 120 ans de la mort. La seconde soirée a permis d’entendre le rare Concerto pour piano sous les doigts volubiles de Bertrand Chamayou avant une Symphonie n° 9 anthologique.
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Comme d’autres compositions de jeunesse de Dvořák, son Concerto pour piano offre une profusion mélodique extrême, jusqu’à donner un effet d’éparpillement. À ce premier défi interprétatif s’ajoute un second tenant au rapport peu équilibré entre un orchestre généreux et une partie de piano à l’expression lumineuse assez proche de Mendelssohn. Bertrand Chamayou, qu’on n’attendait pas dans cette composition peu fréquentée, montre une nouvelle fois son appétence pour la diversité de répertoire et se révèle l’homme de la situation. Sa sonorité brillante ne rencontre aucune difficulté à émerger du massif orchestral, celui d’une Philharmonie tchèque sous ses plus beaux atours.
Le discours fort nourri (dans la version originale de la partition) par le pianiste tisse un fil d’Ariane aux reflets superbes, tandis que la direction de Semyon Bychkov donne un large champ aux timbres enchanteurs de ses musiciens. En bis, Chamayou joue Bonne nuit ! extrait de Sur les sentiers broussailleux de Janáček. Son annonce de la dédicace à son confrère Maurizio Pollini provoque une réaction de stupeur d’une partie du public apprenant de ce fait la mort du grand artiste.
Après l’entracte, la programmation ne prend aucun risque en proposant la Symphonie du Nouveau monde. La lecture qu’en donnent les Tchèques et Bychkov appartient sans surprise à la plus grande tradition que ce soit du point de vue des tempos que des phrasés. L’orchestre joue merveilleusement cet idiome avec une homogénéité parfaite des différents pupitres alors que brillent des solistes à l’éloquence poétique.
Sans aucune raideur, y compris dans l’Allegro con fuoco, la direction de Bychkov trouve un équilibre miraculeux entre fluidité rythmique et ampleur des phrasés. Les développements apportés au thème initial générant l’ensemble de la symphonie retrouvent de cette manière une fraîcheur irrésistible. Deux bis, la Danse slave op. 72 n° 2 de Dvořák et la Danse hongroise n° 1 de Brahms, prolongent la fête avec des accents grisants à souhait.
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Philharmonie, Paris Le 23/03/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre philharmonique tchèque sous la direction de Semyon Bychkov, avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou Ă la Philharmonie de Paris. | AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Concerto pour piano et orchestre en sol mineur, op. 33 (1876)
Bertrand Chamayou, piano
Symphonie n° 9 en mi mineur op. 95, « du Nouveau monde » (1893)
Orchestre philharmonique tchèque
direction : Semyon Bychkov | |
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