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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Médée de Charpentier dans la mise en scène de David McVicar, sous la direction de William Christie à l’Opéra de Paris.

Médée au music-hall
© Elisa Haberer

Imagée et entraînante, Médée selon David McVicar reste foncièrement étrangère à la tragédie lyrique française. Sous la houlette experte de William Christie, Les Arts florissants et les chanteurs portent haut la déclamation en musique. Pari tenu pour la Médée fragile mais intense de Lea Desandre, et confirmation pour le Jason éblouissant de Reinoud Van Mechelen.
 

Palais Garnier, Paris
Le 10/04/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Dix reprĂ©sentations Ă  l’AcadĂ©mie royale de musique en 1693-1694, une reprise unique Ă  Lille en 1700, et puis la nuit. MĂ©dĂ©e ne ressuscite qu’en 1984 Ă  l’OpĂ©ra de Lyon et fait l’objet d’autres productions scĂ©niques ou en concert. Quarante annĂ©es s’écoulent ainsi et finalement la tragĂ©die lyrique de Charpentier revient en avril 2024 sur la scène du successeur de l’AcadĂ©mie royale, l’OpĂ©ra national de Paris.

    En choisissant d’importer à cette fin une production créée en 2013 à l’English National Opera, l’institution évite tout risque car la mise en scène de David McVicar a montré dès lors, et notamment lors d’une reprise à Genève, qu’elle fonctionne. Cette transposition de l’action dans un milieu interarmées ultrachic des années 1940 ne manque pas de qualités plastiques comme son décor figurant la pièce de réception d’un élégant château de style Louis XVI, les lumières léchées de Paule Constable ou encore des uniformes militaires et des robes glamours.

    Comme souvent chez McVicar, les ballets trouvent leur inspiration ingénue dans les productions du West End londonien. Le problème majeur de cette approche tient à l’incongruité des pouvoirs magiques de Médée dans une époque où le surnaturel n’est pas attendu, même de manière allégorique. Un autre s’y rajoute par rapport à la série d’origine : si à Londres la traduction en anglais détachait l’œuvre de son monde, le retour à Paris en français accuse l’inadaptation d’un spectacle culturellement très éloigné des racines de l’œuvre.

    C’est d’autant patent que ce soir les chanteurs cultivent pour la quasi-totalité d’entre eux un français qui fait honneur aux mots de Thomas Corneille. Une distribution sans véritable faille sert avec élégance l’équilibre entre diction et ligne vocale. Le Jason de Reinoud Van Mechelen en est l’incontestable triomphateur, montrant une nouvelle fois son immense talent de tragédien et de chanteur. Face à lui, la Médée de Lea Desandre tient la corde. Certes le personnage incarné par la chanteuse tient plus de la très jeune femme flouée que de la redoutable magicienne blessée, mais l’engagement exceptionnel de l’interprète pallie les limites physiques de la mezzo.

    Sa rivale, la Créuse d’Ana Vieira Leite émeut particulièrement alors qu’elle expire dans les bras du prince de Colchide. Le Créon éloquent de Laurent Naouri fait trop souvent rire, au point qu’on ne sait si cela tient de la mise en scène ou d’un surcroît imputable au baryton. L’Oronte de Gordon Bintner, dramatiquement plus nuancé, pèche par un style vocal rappelant celui d’un répertoire différent. Aucun souci stylistique avec les autres personnages, en particulier la Nérine d’Emmanuelle de Negri, d’une justesse déchirante.

    Dans la fosse, Les Arts florissants forment le plus légitime des ensembles pour ce retour attendu. Si le continuo semble parfois trop assoupi, William Christie et ses musiciens soulignent la formidable mutation harmonique de l’orchestre au fil des actes jusqu’à l’embrasement de la scène finale.




    Palais Garnier, Paris
    Le 10/04/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de Médée de Charpentier dans la mise en scène de David McVicar, sous la direction de William Christie à l’Opéra de Paris.
    Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
    Médée, tragédie lyrique en un prologue et cinq actes (1693)
    Livret de Thomas Corneille d’après Pierre Corneille

    Les Arts Florissants,
    direction : William Christie
    mise en scène : David McVicar
    décors et costumes : Bunny Christie
    Ă©clairages : Paule Constable
    chorégraphie : Lynne Page
    préparation des chœurs : Thibaut Lenaerts

    Avec :
    Lea Desandre (Médée), Reinoud Van Mechelen (Jason), Laurent Naouri (Créon), Ana Vieira Leite (Créuse / Premier fantôme), Gordon Bintner (Oronte), Emmanuelle De Negri (Nérine), Élodie Fonnard (Cléone), Lisandro Abadie (Arcas), Julie Roset (L’Amour / Première captive), Mariasole Mainini (L’Italienne / Deuxième captive), Juliette Perret (Une cpative), Virgine Thomas (Second fantôme), Julia Wischniewski (Une captive), Clément Debiuevre (Deuxième Corinthien / Un Argien / Un captif / Démon), Bazstien Rimondi (Premier Corinthien / Un Argien / Jalousie), Matthieu Waldendzik (Un Argien / Vengeance).

     


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