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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Carte blanche à Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris au musée du Louvre, Paris.
Au clair de la nuit
Le deuxième concert de la carte blanche à Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris au musée du Louvre se fait sans le jeune chef violoncelliste. À une lecture engagée mais inégale du Sextuor n° 2 de Brahms succède une interprétation plus maîtrisée de La Nuit transfigurée de Schoenberg où les musiciens éclairent la modernité de l’alliance de la musique pure à la poésie.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
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Pour le deuxième concert de la carte blanche confiée par le musée du Louvre à Klaus Mäkelä et à l’Orchestre de Paris, les musiciens se produisent plus classiquement dans l‘auditorium Michel Laclotte. Cette fois-ci, point de mise en perspective avec les collections du musée. Il est vrai que les partitions de Brahms et Schoenberg choisies dialogueraient davantage avec certaines œuvres présentées au musée d’Orsay ! Sous la houlette d’Eiichi Chijiiwa, deuxième violon solo de l’orchestre, un groupe de musiciens entièrement renouvelé par rapport au concert initial de la série présente un programme comportant deux des plus beaux ouvrages écrits pour le sextuor à cordes.
D’une écriture un peu plus touffue que celle de l’Opus 18 consacré à la même formation par le compositeur, le Sextuor à cordes n° 2 op. 36 de Brahms consacre une maîtrise de la forme qui ne cède rien à la prodigalité mélodique. En ce sens, l’interprétation des musiciens de l’Orchestre de Pairs rend justice à ce jaillissement. D’une sonorité d’ensemble plutôt claire, l’équilibre entre les voix reste cependant à parfaire : le violon virtuose de Chijiiwa et le timbre superbe du violoncelle de Frédéric Peyrat occupent le terrain que ce soit dans les passages où l’écriture est doublée ou dans ceux où le compositeur divise les parties. Quelques problèmes d’intonation très passagers dans le Poco adagio suggèrent une tension supplémentaire. Rien de tel dans La Nuit transfigurée qui suit.
Le chef-d’œuvre de Schoenberg s’inscrit tout naturellement dans la prolongation du travail de Brahms. Les musiciens de l’Orchestre de Paris trouvent ici la respiration juste de cette musique au bord du gouffre. Moins violente que d’autres, leur interprétation à la narration très fine suggère moins l’expressionnisme qu’un lyrisme subtil servi en particulier par la voix médiane de l’alto d’Hervé Blandinières, à la musicalité bouleversante. La quatrième partie constitue le sommet de cette interprétation équilibrée où les changements harmoniques ne sont jamais brusqués.
La sonorité d’ensemble des musiciens fait merveille dans les passages en sourdine. Ils ne peuvent faire mentir leur culture musicale, les ombres sont plus celles de Fauré ou Debussy que celles des compositeurs d’outre-Rhin. Les amants du poème de Richard Demel se réconcilient dans la clarté d’une nuit de pleine lune.
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Musée du Louvre, Paris Le 20/04/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Carte blanche à Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris au musée du Louvre, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Sextuor à cordes n° 2 en sol majeur, op. 36 (1866)
Arnold Schoenberg (1874-1951)
Verklärte Nacht, op. 4 (1899)
Eiichi Chijiiwa (violon)
Hsin-Yu Shih (violon)
Estelle Villotte (alto)
Hervé Blandinières (alto)
Claude Giron (violoncelle)
Frédéric Peyrat (violoncelle) | |
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