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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Antonio Pappano, avec le concours de la pianiste Martha Argerich à la Philharmonie de Paris.
Baguette exacerbée
Une nouvelle fois, l’Orchestre symphonique de Londres fait honneur à sa réputation. Il offre de superbes qualités de timbres au piano engagé de Martha Argerich dans le Concerto de Schumann et une belle palette de couleurs dans la Symphonie n° 2 de Rachmaninov. La direction de son chef Antonio Pappano privilégie l’impact sur les nuances.
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Aimez-vous le rubato ? Les amateurs de cette indication d’expression musicale sont à la fête ce soir, tant Martha Argerich et Antonio Pappano assortissent chaque phrase du Concerto pour piano de Schumann de variations de tempo collant à la vocalité de l’œuvre au détriment de sa forme. Mais comment résister à l’engagement de la pianiste argentine semblant retrouver ici une fraîcheur interprétative confinant à l’improvisation ?
On reste cependant circonspect quant aux violents coups de boutoir donnés par l’orchestre à l’instigation du chef, notamment à la fin du premier mouvement où Pappano appuie son geste de bruyantes frappes du pied. L’Intermezzo voit la pianiste dialoguer plus délicatement avec les superbes violoncelles du LSO mais le chef organise une transition trop ostentatoire vers le dernier mouvement. Heureusement le mouvement perpétuel de la coda témoigne d’une belle rigueur sans céder à l’engagement des interprètes.
Martha Argerich offre, en premier bis, le Traumes Wirren des Fantasiestücke de Schumann. La confusion des songes atteint ici presque le jeu de la pianiste. En revanche, en second bis, les Gavottes de la Suite anglaise n° 3 de Bach atteignent une perfection dans le passage en musette dont on n’est toujours pas revenu.
Le choix de la Symphonie n° 2 de Rachmaninov pour la seconde partie de cette soirée annoncée comme un hommage à Claudio Abbado ne manque pas d’étonner puisque le chef italien ne semble jamais avoir dirigé cette partition même quand il était directeur musical de l’Orchestre symphonique de Londres. Les musiciens britanniques ont quant à eux cette œuvre à leur répertoire depuis les années 1970 et leurs timbres font merveille dans le rendu plastique de ces pages généreuses.
Leur chef exacerbe les épanchements mélodiques et relance le discours sans cesse dans une surenchère dynamique. Il peine singulièrement en revanche à structurer le paysage de ce carnet intime des états d’âme du compositeur. Annonçant avec humour avoir encore du mi mineur sous la baguette, Pappano dirige en bis la Danse slave op. 72 n° 2 de Dvořák. Lente au point de se perdre dans la déliquescence, elle devient une sucrerie mièvre et témoigne d’une direction très expressive qui semble ignorer la mesure et l’entre-deux.
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Philharmonie, Paris Le 22/04/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Antonio Pappano, avec le concours de la pianiste Martha Argerich à la Philharmonie de Paris. | Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour piano en la mineur, op. 54 (1845)
Martha Argerich, piano
SergueĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
Symphonie n° 2 en mi mineur (1907)
London Symphony Orchestra
direction : Antonio Pappano | |
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