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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Concert du Chœur et de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mirga Gražinyté-Tyla à la Philharmonie de Paris.
Polyphonie radicale
L’intelligent programme concocté par la cheffe Mirga Gražinyté-Tyla avec les forces Radio France a tenu ses promesses que ce soit dans les pièces chorales de Lili Boulanger, de Gražinis et de Bruckner que dans la Symphonie n° 6 de ce dernier. Une des gestiques les plus limpides du circuit éclaire et vivifie l’écriture de ces compositions.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
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Avec une mère pianiste, un père chef de chœur et compositeur, un frère et une sœur pianistes, la cheffe lituanienne Mirga Gražinyté-Tyla baigne dans la musique depuis sa tendre enfance. Sans doute faut-il y voir l’origine de sa curiosité en termes de répertoire et son habilité à concevoir des programmes originaux et intéressants comme celui de ce soir.
Le très court Psaume 24 de Lili Boulanger ouvre le concert de manière solennelle avec son écriture tranchante et son alliage roboratif du chœur aux cuivres et à l’orgue. L’intelligibilité du français chanté par les forces de Radio France force l’admiration et l’on ne peut que constater que l’homogénéité enfin retrouvée de l’ensemble préparé par Lionel Sow. Gražinyté-Tyla a ensuite programmé une pièce de son père, Romualdas Gražinis.
La pièce a capella Sutartiné s’inspire de la tradition polyphonique de son pays mais utilise aussi la mélodie des premières notes du Sacre du printemps de Stravinski. Le chœur semble à l’aise avec cette écriture qui joue des syncopes et d’onomatopées avec une vitalité réjouissante. La première partie de concert se conclut par un retour à la tradition polyphonique occidentale avec un motet d’Anton Bruckner.
Sans appartenir aux meilleures œuvres chorales du compositeur, le Psaume 150 reste une œuvre jubilatoire. La cheffe d’une clarté exemplaire dans sa gestique parvient à relier de manière convaincante la succession d’épisodes massifs avec le bref passage plus intérieur où chœur, violon solo et soprano se recueillent. On regrette cependant le chant peu projeté et inégal de l’Américaine Mary Elizabeth Williams.
Après l’entracte, la Symphonie n° 6 du même Bruckner bénéficie des mêmes qualités d’exposition pour une lecture à la radicalité exacerbée. Gražinyté-Tyla dirige sans aucune raideur mais se plaît à souligner les aspects les plus modernistes de cette partition poil-à -gratter, un peu comme son confère Esa Pekka-Salonen. Une balance orchestrale n’atténuant rien de la puissance des cuivres et un lyrisme plus que contenu donnent à cette remarquable polyphonie un éclat particulièrement saillant qui peut déranger certaines oreilles sensibles. Les musiciens de l’Orchestre philharmonique donnent une performance d’une plastique et d’une précision impressionnantes.
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Philharmonie, Paris Le 26/04/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert du Chœur et de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mirga Gražinyté-Tyla à la Philharmonie de Paris. | Lili Boulanger (1893-1918)
Psaume 24, pour chœur mixte, ténor solo et ensemble (1915-1916)
Pascal Bourgeois, ténor
Romualdas Gražinis (*1962)
Sutartiné, pour chœur mixte à huit voix a capella (2018)
Anton Bruckner (1824-1896)
Psaume 150, pour chœur mixte, soprano et orchestre (1892)
Mariy Elizabeth Williams, soprano
Chœur de Radio France
Symphonie n° 6 en la majeur, WAB 106 (1879-1881)
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Mirga Gražinyté-Tyla | |
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