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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Arcadi Volodos Ă la Philharmonie de Paris.
Harmonie adamantine
Peu romantique mais maître absolu du tempo et du son, le pianiste Arcadi Volodos donne une lecture unifiée des Danses des compagnons de David de Schumann. L’ajout à son répertoire de la Sonate n° 18 en la mineur de Schubert convainc encore davantage, tandis que Liszt et quatre bis confortent l’image d’un pianiste à la subjectivité toujours élégante.
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La saison dernière, Arcadi Volodos débutait son récital par l’univers de Mompou qui requiert une concentration d’écoute exceptionnelle. Sans doute la Sonate en la mineur D. 845 de Schubert qu’il a choisi ce soir n’en demande pas moins, d’autant que le pianiste en présente une lecture explorant les pistes les plus diverses davantage qu’elle ne rappelle son modèle beethovénien. Cela frappe l’oreille dans un Moderato initial qui voit s’opposer comme rarement mélodie et insistances rythmiques.
Le piano de Volodos chantonne plus qu’il ne chante, avec une réserve pudique, tandis que l’échelle dynamique des passages octaviés impressionne par sa technique. En maître du temps, le pianiste russe tire aussi le maximum des béances silencieuses d’une partition au bord de la rupture. Il est plus naturellement dans son élément dans les variations de l’Andante poco mosso qu’il détaille avec une élégance infinie, toujours en jouant d’infimes nuances piano et d’un rubato ensorcelant. Sans doute ne rend-t-il pas tout à fait la noirceur des tensions du Scherzo mais les antagonismes récapitulatifs du Rondo le montrent à son meilleur jusqu’à une conclusion échevelée.
Après l’entracte, le monde bipolaire des Davidsbündlertänze de Schumann révèle clairement un pianiste davantage Eusebius que Florestan. Le musicien russe joue du reste plus des transitions que des oppositions pour une narration enchantée. La magie pure du clavier culmine dans une mélancolie funambulesque tandis que la passion se dépare de tout chant pour n’être que verticalité impétueuse. Le déficit de romantisme de sa lecture est amplement compensé par une poétique presque lapidaire. La plus pure virtuosité préside au dernier morceau du programme avec la Rhapsodie hongroise n° 13 de Liszt dans sa version enrichie, si besoin était, par le pianiste lui-même.
L’oreille s’affole devant tous les contrechants mis en valeur et une réharmonisation brillantissime. On suspecte l’artiste d’avoir fait de même dans la Romance op. 21 n° 7 de Rachmaninov offerte en premier bis qui devient un monde saturé de couleurs. Retour à une relative simplicité avec un Moment musical n° 3 de Schubert effleuré, puis du délire coloriste et rythmique avec son adaptation de la Malagueña de Lecuona. En quatrième et dernier bis, la Sicilienne de Vivaldi dans la transcription de Bach où l’introspection devient radieuse lumière.
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Philharmonie, Paris Le 23/05/2024 Thomas DESCHAMPS |
| RĂ©cital du pianiste Arcadi Volodos Ă la Philharmonie de Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano n° 18 en la mineur, D. 845 (1826)
Robert Schumann (1810-1856)
Davidsbündlertänze, op. 6 (1837)
Franz Liszt (1811-1886)
Rhapsodie hongroise n° 13 en la mineur (1853)
Version Arcadi Volodos
Arcadi Volodos, piano | |
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