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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Concert de la Staatskapelle de Dresde sous la direction de Marie Jacquot au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Remplacement fébrile
La défection de Christian Thielemann face à son ancienne formation de la Staatskapelle de Dresde permet à la remplaçante Marie Jacquot de démontrer son savoir-faire dans un répertoire très exposé. Sans doute pressée par l’enjeu de la soirée, la cheffe se replie sur la forme au détriment de lectures qu’on pourrait attendre plus nuancées.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Annoncé souffrant par le Théâtre des Champs-Élysées, alors qu’au même moment il achevait une série triomphale de représentations de Lohengrin à l’Opéra de Vienne, Christian Thielemann est remplacé ce soir par la jeune Marie Jacquot. Une opportunité réelle pour la Française qui a été nommée Révélation de l’année aux Victoires de la musique classique 2024 et vient de prendre la direction de l’Orchestre royal du Danemark avant de prendre prochainement aussi celle de la WDR de Cologne.
La cheffe dirige la première date d’une mini-tournée et présente des œuvres figurant dans le cœur de répertoire de l’ancestrale Staatskapelle de Dresde. Les premières pages du Don Juan de Strauss ouvrant le concert sonnent avec une rare clarté. L’articulation à la pointe sèche privilégie l’épique sur les passages féminins qui suivent. L’ensemble brillant servie par les musiciens un rien prosaïques manque un peu de respiration. Le Till l’espiègle qui suit montre plus de détente dans une narration bien menée. Jacquot n’oublie jamais la forme du rondo fantasque mais pourrait vraiment s’abandonner avec l’orchestre à plus d’humour ou encore à plus de noirceur.
L’ambivalence ou la poésie manquent un peu aussi à la Symphonie n° 4 de Brahms donnée en seconde partie de soirée. Le début de l’Allegro non troppo est parfaitement exposé, avec l’affirmation très progressive de sa construction. La direction, tenue et analytique, ne lâche ensuite jamais la bride à l’orchestre qui suit très exactement des impulsions continues. L’Andante moderato conserve la fière allure qui ressort de son écriture mais trahit une direction plus verticale que lyrique, ce qui ressort également du mouvement suivant. Dans la chaconne finale, Jacquot trahit une certaine fébrilité.
Certes, il y a là encore une clarté exemplaire de la forme qui démontre la puissance intellectuelle de cette direction, mais cette série de variations souffre d’un manque de liberté, à l’instar du solo de flûte que la cheffe bat alors qu’il devrait s’agir d’une échappée lunaire qui ne peut ainsi avoir lieu. La péroraison conclusive clôt magistralement le concert.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 24/05/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de la Staatskapelle de Dresde sous la direction de Marie Jacquot au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Richard Strauss (1864-1949)
Don Juan, op. 20 (1889)
Till Eulenspiegel lustige Streiche, op. 28 (1895)
Johann Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 4 en mi mineur, op. 98 (1885)
Staatskapelle de Dresde
direction : Marie Jacquot | |
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