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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de La Chauve-souris de Strauss dans une mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Johanna Malangré à l'Opéra de Lille.
Du côté de chez Gaillardin
Fin de saison en demi-teinte à l'Opéra de Lille avec une pâle version française de La Chauve-Souris de Johann Strauss mise en scène par un Laurent Pelly peu inspiré mais avec quelques fulgurances vocales du côté des interprètes féminines qui viennent à la rescousse d'un orchestre assez terne dirigé par Johanna Malangré.
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Comme un café-filtre à la saveur bien délavée, le livret de cette version française semble avoir perdu de son éclat et de sa charge comique, édulcoré par plusieurs niveaux d'adaptations sans jamais atteindre le naturel de la version viennoise d'après l'original français de Henri Meilhac et Ludovic Halévy : Le Réveillon.
Agathe Mélinand (fidèle collaboratrice de Laurent Pelly) ne permet pas aux interventions du duo Patrice Caurier et Moshe Leiser pour les airs et les duos, de gagner véritablement en vigueur, engluées dans une couleur boulevard passablement ennuyeuse. Les blagues de Pincornet-les-Bœufs n'ont ni le piquant ni la volupté vagabonde de l'humour et du dialecte viennois avec comme obstacle majeur le fait que les mots tombent mal – particulièrement dans les dialogues parlés où le défaut d'intelligibilité rend le comique épais.
Le décor de Chantal Thomas joue la carte d'une géométrie expressionniste assez sage, rehaussée par les lumières de Michel Le Borgne et une direction d'acteurs ton sur ton, que ce soit pour les ensembles ou le jeu individuel. L'exagération dans la raideur des mouvements et des mines bouffonnes s'accordent tout du long aux perspectives déjantées de ce Cabinet du docteur Caligari version comique, avec ces grand panneaux carmins qui se déplient pour dévoiler au II les gribouillis multicolores des feux d'artifices et la fête chez Orlofsky.
Le chœur court d'un bout à un autre de la scène pour tenter d'occuper un espace soudain trop grand pour concentrer les effets tandis qu'au III, Pelly recourt au gag de la sonnette invisible et de la porte qu'on ouvre pour tenter de donner du relief à un comique de répétition qui tombe un peu à plat.
Scéniquement moins inspirée que la production de Jean Lacornerie à l'Opéra de Rennes en février dernier, cette Chauve-souris lilloise bénéficie d'un plateau vocal dominé par l'agilité d'une Marie-Eve Munger (Adèle) capable d'enchaîner à des vocalises aériennes un impayable jeu d'actrice qui attire à elle une grande part de l'attention. Camille Schnoor (Caroline) déploie une élégance dans la ligne de chant qui se marie idéalement avec la projection et le timbre de Guillaume Andrieux (Gaillardin).
Héloïse Mas (Prince Orlofsky) manie puissance et touche burlesque mais noie ses consonnes dans un flux peu compréhensible avec, parmi les seconds rôles, un excellent Christophe Gay (Duparquet) et un virevoltant Julien Dran (Alfred) dont l'abattage et la pétulance trouvent en Franck Leguérinel (Tourillon) un alter ego burlesque idéal.
La direction de Johanna Malangré donne à l'Orchestre de Picardie une carrure et des élans raisonnables qui maintiennent la comédie dans un cadre rythmique assez peu varié, se tenant à fleur de notes là où le chant appelle davantage d'expressivité.
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Opéra, Lille Le 09/06/2024 David VERDIER |
| Nouvelle production de La Chauve-souris de Strauss dans une mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Johanna Malangré à l'Opéra de Lille. | Johann Strauss II (1825-1899)
Die Fledermaus, opérette en trois actes (1874)
Livret de Carl Haffner et Richard Genée d’après Le Réveillon d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy
Chœur de l’Opéra de Lille
Orchestre de Picardie
Orchestre national en région Hauts-de-France
direction : Johanna Malangré
mise en scène et costumes : Laurent Pelly
adaptation du livret et des dialogues : Agathe MĂ©linand
adaptation française des textes chantés : Moshe Leiser, Patrice Caurier
scénographie : Chantal Thomas
Ă©clairages : Michel Le Borgne
préparation des chœurs : Mathieu Romano
Avec :
Guillaume Andrieux (Gaillardin), Camille Schnoor (Caroline), Marie-Eve Munger (Adèle), Christophe Gay (Duparquet), Raphaël Brémard (Bidard), Franck Leguérinel (Tourillon), Héloïse Mas (Prince Orlofsky), Julien Dran (Alfred), Eddy Letexier (Léopold), Claire Antoine (Ida). | |
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