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CRITIQUES DE CONCERTS 18 octobre 2024

Carte blanche à Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris au Musée du Louvre, Paris.

RĂ©jouissante impertinence
© Thomas Deschamps

La quatrième et avant-dernière Carte blanche consacrée à Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris s’installe face au célèbre Sacre de l’empereur Napoléon 1er avec un programme d’une grande intelligence. Point de Le Sueur ou de Paisiello mais Purcell et les Huit chansons pour un roi fou de Maxwell Davies pour une mise en abîme fascinante.
 

Musée du Louvre, Paris
Le 13/06/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Sur l’estrade dressĂ©e devant l’imposant Sacre de l’empereur NapolĂ©on Ier peint par Jacques-Louis David, cinq musiciens de l’Orchestre de Paris et leur chef s’installent pendant que les spectateurs bavardent sans leur prĂŞter particulièrement attention. Le baryton Thomas Florio s’assied quant Ă  lui assis nonchalamment sur un trĂ´ne de théâtre, feint la fatigue et s’endort. Le silence se fait alors que Klaus Mäkelä semble recueilli. Il dure depuis un moment quand plusieurs coups de percussion se font entendre depuis une salle voisine.

    De là-bas viennent en procession des musiciens qui entonnent la marche (suivie de la canzona) de la Musique pour les funérailles de la reine Mary de Purcell. Confrontées aux fastes représentés de manière compassée par David, ces pages d’une sobriété étreignante font un effet sensationnel. Les sonorités embrasées des cuivres rentrent en complète résonnance avec le rouge Pompéi des murs de la salle Daru. Les deux trompettes et deux trombones restent à l’orée de celle-ci, tandis qu’Éric Sammut rejoint l’estrade tout en continuant de jouer de sa grosse caisse. Un fracas assourdissant suit immédiatement la dernière note : les musiciens enchaînent avec la première des Huit chansons pour un roi fou de Maxwell Davies.

    Une musique qui imite d’abord le bruit d’une horloge à remonter le temps. Quelques coups de grosse caisse et Thomas Florio sort de son sommeil avec des cris et des borborygmes. Le chanteur incarne littéralement ces verbatims du roi George III mis en musique en 1969. Ces pièces considérées comme du théâtre musical ont trop souvent été confiées à des acteurs chanteurs. Florio appartient à la catégorie inverse, celle des chanteurs acteurs : il est ainsi à même de rendre pleinement justice à une écriture vocale sur plusieurs octaves dont la palette émotionnelle renouvelle constamment le propos. Sa voix se fait un instant minuscule pour tonner immédiatement après dans l’immensité de l’espace.

    Quelques déplacements aux effets concentrés achèvent un portrait de la folie absolument saisissant. Il faut ainsi voir et entendre le chanteur s’asseoir au bord de l’estrade pour entonner en voix de contre-ténor une parodie de chanson d’amour face à la directrice du musée du Louvre. Lorsque le fou prend délicatement des mains de Nikola Nikolov son violon, on tremble pour l’instrument. Le portant au-dessus de sa tête comme un trophée, Florio brise soudainement le violon en miettes. Un peu plus tard le roi déchu est chassé de la salle par Sammut qui le fait reculer à coups de grosse caisse. Le public sonné fait un triomphe au chanteur et aux musiciens dont l’accompagnement dans la lignée du Pierrot lunaire de Schoenberg a été réglé avec une fluidité sensationnelle par Klaus Mäkelä.




    Musée du Louvre, Paris
    Le 13/06/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Carte blanche à Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris au Musée du Louvre, Paris.
    Henry Purcell (1659-1695)
    Musique pour les funérailles de la reine Mary, Z 860 (extraits) (1695)
    Peter Maxwell Davies (1934-2016)
    Eight Songs for a Mad King (1969)

    Thomas Florio (baryton)
    Nikola Nikolov (violon)
    Frédéric Peyrat (violoncelle)
    Vincent Lucas (flĂĽte)
    Philippe Berrod (clarinette)
    Célestin Guérin (trompette)
    Stéphane Gourvat (trompette)
    Jonathan Reith (trombone)
    Nicolas Drabik (trombone)
    Éric Sammut (percussions)
    Jean-Marie Cottet (piano & clavecin)
    direction : Klaus Mäkelä

     


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