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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production des Eight Songs for a Mad King de Davies et des Kafka-Fragmente de Kurtág dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Pierre Bleuse au festival d’Aix-en-Provence 2024.
Aix 2024 (2) :
DĂ©rive 2
Après Le Coq d'or et Falstaff en 2021, le metteur en scène Barrie Kosky revient à Aix-en-Provence avec les Eight Songs for a Mad King de Peter Maxwell Davies et les Kafka-Fragmente de György Kurtág donnés dans le cadre du Théâtre du Jeu de Paume. Deux œuvres inclassables de théâtre musical qui tiennent surtout grâce au jeu des trois acteurs-interprètes.
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Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence
Le 06/07/2024
David VERDIER
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Un singulier programme réunit au Théâtre du Jeu de Paume les Eight Songs for a Mad King de Peter Maxwell Davies (1934-2016) et les Kafka-Fragmente de György Kurtág (né en 1926). Cette combinaison alterne deux formes de théâtre musical, avec des interprètes poussés dans leurs retranchements par deux écritures musicales qui jouent avec les limites des possibilités et une mise en scène signée Barrie Kosky. Les Eight Songs bénéficient de la présence superlative de Johannes Martin Kränzle, illustre Beckmesser des Maîtres chanteurs de Nuremberg que Kosky avait montés en 2017 à Bayreuth.
L’intrigue s'inspire de l'histoire vraie de la dérive du roi George III (1738-1820), atteint de déficience mentale et dont le déclin vertigineux occasionna une conduite et des propos que Randolph Scott convertit en livret. Hélas, cette forme de théâtre musical peine aujourd'hui à convaincre pleinement ; la faute en partie à cette tension et cette extraversion continue de signes, grimaces et gestes vocaux qui usent l'attention et ne tiennent que sur le fil sur lequel le baryton semble progresser à la façon d'un équilibriste, bien soutenu par Pierre Bleuse qui propulse l'Ensemble Intercontemporain vers les sommets.
Le monodrame brasse et broie tout à trac une pensée émiettée entre philosophie de bazar et onomatopées ; le tout projeté en un flux d'interjections et de cris par un interprète en caleçon, exhibant une ambiguïté fardée aux long ongles jaune fluo et fracassant son violon à la toute fin – effet facile et soulagement pour le spectateur. L'instrument brisé sert de trait d'union avec la seconde (longue) partie et des Kafka-Fragmente que Kosky aborde comme une série de flashes éclairés brutalement par un projecteur qui se coupe en créant l'effet d'un affrontement quasi circassien d'ombre et de lumière entre la violoniste Patricia Kopatchinskaja et la soprano Anna Prohaska.
Les quarante fragments sont passés au laminoir de ce ping-pong visuel qui en étire la durée en donnant la curieuse impression que le concert pourrait s'interrompre à tout moment. L'écriture au cordeau de Kurtág n'a pas ici la tenue et la rigueur que lui donnait Carolin Widmann au disque avec Juliane Banse (ECM), et à la scène avec Salome Kammer dans la production d'Antoine Gindt. Le jeu d'acteur tient une fois de plus la dragée haute en donne à voir ce que l'oreille aurait pu espérer.
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Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence Le 06/07/2024 David VERDIER |
| Nouvelle production des Eight Songs for a Mad King de Davies et des Kafka-Fragmente de Kurtág dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Pierre Bleuse au festival d’Aix-en-Provence 2024. | Peter Maxwell Davies (1934-2016)
Eight Songs for a Mad King, théâtre musical pour voix d’homme et ensemble
Livret de Randolph Scott d’après les propos de George III
Johannes Martin Kränzle (baryton)
György Kurtág (*1926)
Kafka-Fragmente, pour soprano et violon
Anna Prohaska, soprano
Patricia Kopatchinskaja, violon
Ensemble Intercontemporain
direction : Pierre Bleuse
mise en scène : Barrie Kosky
espace et éclairages : Urs Schönebaum | |
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