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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Madame Butterfly de Puccini dans une mise en scène d'Andrea Breth et sous la direction de Daniele Rustioni au festival d’Aix-en-Provence 2024.

Aix 2024 (4) :
L'enfer est pavé de bons tatamis

© Ruth Walz

Dernière grande production lyrique de l’été aixoix, Andrea Breth propose une Madame Butterfly de Puccini, à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur italien, qui hésite entre classicisme et clichés, sauvée vocalement par la prestation d’Ermonela Jaho et la direction véhémente de Daniele Rustioni qui secoue la torpeur et sauve la soirée.
 

Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
Le 08/07/2024
David VERDIER
 



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  • Très loin de son Jakob Lenz glacial ou de sa SalomĂ© taillĂ©e sur mesure pour son rĂ´le-titre, Andrea Breth donne l'impression d'avoir abandonnĂ©e Madame Butterfly en cours de route, laissant le processus en chantier quelque part entre tradition et modernitĂ©. Tous les Ă©lĂ©ments d'un spectacle conventionnel affleurent d'une lecture sans originalitĂ© oĂą Cio-Cio-San demeure dans un dĂ©cor unique fait de tatamis, paravents et coussins, avec un jeu de lignes gĂ©omĂ©triques soulignĂ©es par d'encombrantes poutrelles qui segmentent l'espace et gĂŞnent parfois la vue.

    Saisie dans une monotone frontalité, la scène est contournée par un curieux tapis roulant sur lequel défilent figurants et personnages secondaires, avec parfois quelques images symboliques à l'épaisseur sémiotique de panneaux indicateurs – ballet des grues, suicide du père… Peu à voir également dans une direction d'acteur à l'étiage et quelques figurants décoratifs avec masques Nô qui passent la tête entre deux cloisons pour tromper l'ennui. La trajectoire tragique du rôle-titre fait du surplace, sans qu'on puisse scéniquement saisir sa décrépitude et son drame personnel. Il en va de même de l'enfant, réduit à une poupée dont se saisit benoîtement Kate Pinkerton ou Suzuki.

    On se tournera volontiers vers la prestation d’Ermonela Jaho qui connaît sa Cio-Cio-San sur le bout des ongles et livre une interprétation vibrante et sensible, avec une façon de s'approprier la souffrance intime du personnage qui contraste avec force avec la platitude d’idées scénographiques peinant à la porter et à la pousser dans ses retranchements.

    Adam Smith campe un Pinkerton sans intention bien définie, d'une expression vocale assez banale, hésitant à rendre la veulerie et la fêlure morale qui l'étreint à la toute fin. Les bonnes surprises seront à chercher du côté du Sharpless soigné de Lionel Lhote ou de la Suzuki de Mihoko Fujimura, remarquable de poids et d'affects. Carlo Bosi compose un Goro de tout premier plan, avec une Albane Carrère très convaincante dans le rôle très bref de Kate Pinkerton.

    Daniele Rustioni fait rugir l'Orchestre de l'Opéra de Lyon avec flamme et reliefs, luttant avec une acoustique en plein air qui ne rend pas toujours justice aux intentions musicales. Les timbres sont soignés et les équilibres d'une grande qualité de réalisation, formant un écrin efficace à un drame qui, scéniquement, peine à convaincre.




    Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
    Le 08/07/2024
    David VERDIER

    Nouvelle production de Madame Butterfly de Puccini dans une mise en scène d'Andrea Breth et sous la direction de Daniele Rustioni au festival d’Aix-en-Provence 2024.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Madama Butterfly, tragédie japonaise en trois actes (1904)
    Livret de Luigi illica et Giuseppe Giacosa d'après la pièce de David Belasco adaptée de la nouvelle de John Luther Long.
    Version révisée de 1907

    Chœur et Orchestre de l'Opéra de Lyon
    direction : Daniele Rustioni
    mise en scène : Andrea Breth
    scénographie : Raimund Orfeo Voigt
    costumes : Ursula Renzenbrink
    Ă©clairages : Alexander Koppelmann
    préparation des chœurs : Benedict Kearns

    Avec :
    Ermonela Jaho (Cio-Cio-San), Adam Smith (B. F. Pinkerton), Mihoko Fujimura (Suzuki), Lionel Lhote (Sharpless), Carlo Bosi (Goro), Inho Jeong (Lo zio Bonzo), Kristofer Lundin (Il principe Yamadori), Albane Carrère (Kate Pinkerton), Kristján Jóhannesson (Il Commissario imperial), Alexander de Jong (Lo zio Yakusidé).

     


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