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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Evgeny Kissin dans le cadre du festival Radio France Occitanie Montpellier 2024.
Montpellier 2024 (4) :
Entre Ă©clat et apaisement
Au festival de Montpellier, entre Beethoven, Brahms et Prokoviev, Evgeny Kissin continue de montrer sa maîtrise des répertoires en combinant une lecture personnelle très intelligible et un respect des structures et des esthétiques. D’une virtuosité éclatante, il évolue vers un jeu plus apaisé qui offre un ravissement renouvelé.
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Opéra Berlioz - Le Corum, Montpellier
Le 11/07/2024
Chloë ROUGE
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
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La Sonate n° 27 en mi mineur op. 90 de Beethoven ne comprend que deux mouvements que Kissin fait vivre d’une main gauche conductrice magnifique. L’indication Mit Lebhaftigkeit und durchaus mit Empfindung und Ausdruck (Avec vivacité et d’un bout à l’autre avec sentiment et expression) prend tout son sens sous les doigts du pianiste qui profite de chaque note et fait vivre chaque silence. On ne perd rien du thème en accord, toujours repris avec intensité, et des élans mélodiques au son perlé aux voix intérieures équilibrées. Enchaîné avec suavité, le deuxième mouvement Nicht zu geschwind und sehr singbar vorgetragen (Sans trop de vélocité et très chantant) se révèle lumineux. Kissin insuffle au thème du rondo toute sa sérénité avec une pédale légère qui appuie l’harmonie.
La relation intime du pianiste avec les partitions de Chopin est presque palpable. En tous cas, l’expression du sentiment ne peut être mieux maîtrisée dans le Nocturne op. 48 et la Fantaisie en fa mineur. Dans le premier, le Kissin tire profit de tous les rubatos pour dérouler l’harmonie. Surplombant le piano lors des accords plaqués dans la partie centrale, le jeu se fait théâtral, presque solennel. La Fantaisie fait place à un clair-obscur où l’on ressent parfaitement les émotions et les passions qui traversent cette œuvre à la structure surprenante. De l’impétuosité à la noirceur, du calme à l’emphase, le récitatif, la marche, le choral, tout s’enchaîne parfaitement.
Les quatre Ballades de Brahms, malgré leur grande qualité, montrent un artiste plus réservé qui se retrouve trop souvent – et notamment dans la deuxième – proche de la sécheresse. Sans parvenir à trouver de fraîcheur, les thèmes et les motifs deviennent redondants. Dans Prokoviev enfin, Kissin est grandiose. L’Allegro non troppo de la Sonate n° 2 révèle ses harmonies acidulées et son mystère quasi mystique, l’Allegro moderato ses changements d’humeur avec des contrastes qui auraient pu être encore plus saisissants. Le Vivace final emporte tout sur son passage tant le pianiste russe, fougueux, parvient à faire ressentir toute l’ardeur de cette partition extrêmement virtuose.
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Opéra Berlioz - Le Corum, Montpellier Le 11/07/2024 Chloë ROUGE |
| Récital du pianiste Evgeny Kissin dans le cadre du festival Radio France Occitanie Montpellier 2024. | Ludwig Van Beethoven (1770–1827)
Sonate pour piano n° 27 en mi mineur op. 90
Frédéric Chopin (1810-1849)
Nocturne op. 48
Fantaisie en fa mineur op. 49
Johannes Brahms (1833-1897)
Ballades op. 10
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Sonate n° 2 en ré mineur op. 14
Evgeny Kissin, piano | |
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