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CRITIQUES DE CONCERTS 08 septembre 2024

Nouvelle production de La Dame de pique de Tchaïkovski dans une mise en scène de Benedict Andrews et sous la direction d’Aziz Shokhakimov au festival de Munich 2024.

Munich 2024 (2) :
Triviale partie

© Thomas Deschamps

En recourant paresseusement à l’univers du film noir, Benedict Andrews donne une Dame de Pique superficielle et aculturée. La baguette très inspirée d’Aziz Shokhakimov sauve la donne en apportant tout le caractère russe absent de la scène et en donnant pleinement vie au drame que porte une bonne distribution où l’étoile de Lise Davidsen n’en finit plus de monter.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 12/07/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Au terme de la soirĂ©e, on ne peut s’empĂŞcher de penser que Benedict Andrews a conçu sa mise en scène de La Dame de pique au regard de la seule scène finale, celle d’un jeu de cartes qui tourne au funeste, et qu’il prĂ©sente avec un soin cinĂ©matographique d’une grande efficacitĂ©. Pour le reste, en situant l’intrigue dans le milieu d’une pègre indĂ©terminĂ©e et sans aucune classe, le metteur en scène australien coupe l’œuvre de ses racines profondes. Non seulement, il ignore les pressions sociales Ă  l’œuvre – on ne comprend pas les relations entre les personnages, sinon que le Prince Eletski est vĂŞtu comme un parrain et la Comtesse comme une patronne de maison close.

    Mais il fait peu de cas du côté fantastique né de la plume de Pouchkine, réduit ici à la scène de la mort de la Comtesse dont les compagnes semblent être des clones. Une direction d’acteur ostentatoire alourdit le propos général jusqu’à la caricature ; ainsi en est-il particulièrement d’Hermann qui ne lâche presque jamais son revolver, le pointant à tout bout de chant sur ses amis, sur la Comtesse ou sur sa bien-aimée, pour inévitablement finir par retourner le canon vers lui-même. Entre les scènes, le rideau noir s’illumine de vidéos montrant le plus souvent Lisa, comme une femme fatale de cinéma noir – bref, tout le contraire de ce que raconte la musique, même si ce soir le personnage est incarné par Lise Davidsen.

    La soprano norvégienne pratique ce rôle depuis 2019 et elle s’y montre une nouvelle fois phénoménale. Le galbe et la puissance de sa voix s’imposent avec évidence mais jamais l’artiste ne se départ d’une justesse dramatique de premier ordre. Toutes les hésitations de la jeune fille passent par autant d’accents et de couleurs : le métal se pare de reflets cuivrés ou bleutés, tandis que l’aigu s’élève aussi haut que la flèche dominant la forteresse Pierre et Paul.

    À ses côtés, le Hermann de Brandon Jovanovich commence dangereusement en ouvrant beaucoup trop l’émission. La prononciation complètement inintelligible, la ligne inconstante annoncent la sortie de route qui ne tarde pas à se produire. Le ténor parvient cependant à se ressaisir en couvrant dès la deuxième scène et livre finalement une incarnation solide et émouvante. Le reste de la distribution présente de nombreux points forts, surtout chez les femmes avec l’élégante comtesse de Violeta Urmana et l’excellente Pauline de Victoria Karkacheva. Chez les hommes, l’impérieux Boris Pinkhasovich en Eletski remporte un joli succès tandis que Roman Burdenko fait un Tomski un peu trop léger au I mais parfaitement en situation au III.

    Enfin, depuis la fosse, Aziz Shokhakimov donne à l’ensemble une intensité dramatique qui pallie les faiblesses scéniques. Le chef ouzbek semble avoir une connaissance intime de la partition tant son travail soigne à la fois des détails tout en conservant une ligne où la tension parfaitement gérée ne lasse jamais l’oreille. La pâte sonore et les couleurs de l’orchestre tant aux cordes qu’aux vents sont la marque d’un idiomatisme inespéré.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 12/07/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de La Dame de pique de Tchaïkovski dans une mise en scène de Benedict Andrews et sous la direction d’Aziz Shokhakimov au festival de Munich 2024.
    Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
    La Dame de pique, opéra en trois actes (1890)
    Livret de Modest Ilitch Tchaïkovski d’après Alexandre Pouchkine
    Chœur de l’Opéra National de Bavière
    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Aziz Shokhakimov
    mise en scène : Benedikct Andrews
    décors : Rufus Didwiszus
    costumes : Victoria Behr
    Ă©clairages : John Clark
    préparation des chœurs : Christoph Heil

    Avec :
    Brandon Jovanovich (Hermann), Lise Davidsen (Lisa), Roman Burdenko (Le comte Tomski), Boris Pinkhasovich (Le prince Eletski), Violeta Urmana (La Comtesse), Victoria Karkacheva (Pauline), Natalie Lewis (La Gouvernante), Bálint Szabó (Sourine), Kevin Conners (Tchaplitski), Nikita Volkov (Naroumov), Granit Musliu (Le maître des cérémonies), Daria Proszek (Macha), Amalia Steinmetzer (Le commandant des enfants).

     


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