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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Parsifal dans la mise en scène de Jay Scheib et sous la direction de Pablo Heras-Casado au festival de Bayreuth 2024.
Bayreuth 2024 (5) :
À la dérive
Expérience confondante que cet essai d’opéra en réalité augmentée. Il fallait assurément choisir le laboratoire Bayreuth pour une telle expérience. Parsifal, c’est moins sûr. Pablo Heras-Casado, sans doute pas. Mais les choix de la mise en scène enfoncent le clou et le résultat semble aussi stérile que pénible. Quant à écouter la musique, il ne manquerait plus que ça.
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Né en 1969, Jay Scheib est bien jeune pour avoir été traumatisé par Wieland Wagner. Qu’a-t-il eu besoin, tel ce technicien, trop heureux de monter et baisser ses lumières sur son premier potentiomètre, de remplir par la réalité augmentée la place laissée à l’imaginaire dans le Nouveau Bayreuth ? Wieland, Wolfgang, c’est l’essor de la scénographie : l’espace dessiné par la lumière, les volumes, l’ombre. Surtout le vide.
Le metteur en scène américain a repris le même statisme, le même hiératisme, mais exit l’espace ; à la place le progrès technologique consiste à faire dériver des objets. C’est long, pesant, monotone, rigide, et moche. Pire que tout, sans répit : il faut bien rentabiliser. Lunettes retirées, les lumières crues surexposent des costumes qui seraient mieux demeurés dans la pénombre ; chaussées, les poursuites dessinent un plateau de jeu télévisé du pire effet.
Derrière ce fatras synthétique – qui aurait pu au moins offrir un effet pour la lance, que Klingsor semble donner ou perdre tout seul –, une direction d’acteurs abyssale (peut-être pour le chœur la pire carafe de l’Histoire), pas le début de l’ombre d’un propos, ni trace de la précision, la rigueur, l’efficacité des mises en scène du Neues Bayreuth, tout immobiles qu’elles étaient. Surtout une vraie faute contre la temporalité de Wagner, basée sur le développement (au sens beethovénien) : si le compositeur met trois minutes à faire accoucher une nouvelle idée, on meuble avec la même séquence en boucle. Incompréhensible.
Dans ces conditions, comment écouter la musique, prêter attention au verbe, ou d’ailleurs à quoi que ce soit sur le plateau ? On retiendra néanmoins que Pablo Heras-Casado dirige vite et pas fort, sans mystère, que Tobias Kehrer et Derek Welton se le disputent entre père et fils en terme de testostérone, que Georg Zeppenfeld est un merveilleux diseur, qu’Andreas Schager souffrant est remplacé par un Tilmann Unger efficace au I puis un Klaus Florian Vogt à peine sauté de l’avion dans son emploi sans doute le plus merveilleux, et qu’Ekaterina Gubanova évoque une Christa Ludwig en plus opaque.
Les chanteurs peuvent s’époumoner ou rouler de gros yeux, murmurer ou aboyer, c’est égal, on a un petit bonhomme en feu qui embrasse une petite bonne femme en feu à regarder, c’est tellement plus intéressant. Ou un renard qui flotte parmi les sacs plastiques au-dessus des abysses en bâillant d’ennui – lucide, le renard ?
Jusqu’à la colombe de l’Esprit saint que l’on peut faire planer où l’on veut puisqu’elle reste là où on dirige les lunettes ; pour nous c’était sur un mouton qui paissait dans les parages, puis sur le nez de Gurnemanz avec sa chère et tendre Kundry bis. Qui sait, dans Parsifal 3.0 on pourra peut-être choisir s’il meurt à la fin en envoyant un SMS ?
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Festspielhaus, Bayreuth Le 07/08/2024 Thomas COUBRONNE |
| Reprise de Parsifal dans la mise en scène de Jay Scheib et sous la direction de Pablo Heras-Casado au festival de Bayreuth 2024. | Richard Wagner (1813-1883)
Parsifal, festival scénique sacré en trois actes (1882)
Livret du compositeur
Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
direction : Pablo Heras-Casado
mise en scène : Jay Scheib
décors : Mimi Lien
costumes : Meentje Nielsen
Ă©clairages : Rainer Casper
vidéo & design AR : Joshua Higgason
préparation des chœurs : Eberhard Friedrich
Avec :
Derek Walton (Amfortas), Tobias Kehrer (Titurel), Georg Zeppendel (Gurnemanz), Tilmann Unger (Parsifal acte I), Klaus Florian Vogt (Parsifal acte II & III), Jordan Shanahan (Klingsor), Ekaterina Gubanova (Kundry), Siyabonga Maqungo (1. Gralsritter), Jens-Erik Aasbø (2. Gralsritter), Betsy Horne (1. Knappe), Margaret Plummer (2. Knappe), Jorge Rodriguez-Norton (3. Knappe), Matthew Newlin (4. Knappe), Evelin Novak, Catalina Bertucci, Margaret Plummer, Flunira Stucki, Betsy Horne, Marie Henriette Reinhold (Zaubermädchen), Marie Henriette Reinhold (Altsolo). | |
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