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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Liederabend Schubert de Julian Prégardien accompagné au pianoforte par András Schiff au festival de Salzbourg 2024.

Salzbourg 2024 (4) :
Les chefs-d’œuvre du bon Dieu

© Marco Borrelli

Programme autour du dernier Schubert et ambiance savamment orchestrée par le tandem András Schiff-Julian Prégardien dans la grande salle du Mozarteum de Salzbourg. L’occasion de réfléchir en profondeur aux subtilités de l’interprétation de ce répertoire, et de poser la question qui fâche : en musique, la facilité est-elle une qualité ?
 

Mozarteum, Salzburg
Le 17/08/2024
Thomas COUBRONNE
 



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  • « Les chefs-d’œuvre de Vauban gâtent les chefs-d’œuvre du bon Dieu Â», Ă©crivait Victor Hugo. Et d’emblĂ©e le mot nous vient Ă  l’esprit devant l’ornementation dont Julian PrĂ©gardien Ă©maille dès le premier numĂ©ro sa Belle meunière. Car c’est une question bien lĂ©gitime que de savoir s’il convient d’apporter la variĂ©tĂ© de petites cadenze, fermate et autres passaggi aux Lieder de Schubert, Ă  plus forte raison dans ses grands cycles.

    D’abord, ce n’est pas parce que les chanteurs de l’époque avaient le (mauvais ?) goût de le faire qu’il faut les imiter. Ensuite, Schubert sait varier les formules, le rythme, la polyphonie quand il le désire – la dernière strophe de An den Mond D 296. Enfin, où et quand ornementer ?

    Dans Morgengruß, Lied strophique, cela semble à première vue logique. Sauf que cela consiste à injecter une pratique Kunstlied (opératique) dans une pièce de style Volkslied (populaire). À plus forte raison quand l’alouette en fait les frais, l’animal symboliquement spirituel – le premier chant du matin, le messager divin – devenant prétexte à roucoulade.

    Mais recourir à une corde grave dans Tränenregen (faux strophique, donc empruntant au Kunstlied), dans l’idée moins absurde, vient caricaturer l’engloutissement de la voix déjà subtilement adapté par Schubert à chaque strophe impaire. Et atténue l’effet de la dernière strophe en mineur.

    Le concert avait pourtant très bien commencé, avec deux pièces pas annoncées, Allegretto en ut mineur D 915 et Mélodie hongroise servant de base au divertissement D 818, deux bis expédiés au préalable faute de pouvoir donner quoi que ce soit après la Meunière, selon les mots pertinents du pianiste, qui devait également présenter son très bel instrument viennois de 1828 et inviter le public anglophone à apprendre l’allemand.

    Ce piano Brodmann est pour beaucoup dans le charme de la soirée, et nous suivons Schiff dans son hommage aux nuances ténues : sa patte généreuse se trouve miraculeusement équilibrée et sa pédalisation transparente, pour le meilleur. Sa Fantasie-Sonate D 894 y gagne une délicatesse bienvenue, même si tout à son amour manifeste de la partition, le Hongrois se laisse souvent aller à des sorties de rythme guère viennoises.

    Dans la Müllerin, c’est la facilité de Prégardien fils qui paradoxalement fait regretter le père : cet aigu piano tellement di grazia, voix d’enfant sans effort, sans poids, semble loin de la retenue vigilante, travaillée, périlleuse et déchirante du meunier. Si l’on ajoute les libertés agogiques – quitte à abolir, à grand renfort d’accelerando le climax de Trockne Blumen, la marche dans ce cycle, ce qui n’est pas rien –, la théâtralité un rien extérieure, notes non vibrées et parlé-chanté, et un Wiegenlied final trop expédié pour durer, on tient une Meunière certes belle mais discutable.




    Mozarteum, Salzburg
    Le 17/08/2024
    Thomas COUBRONNE

    Liederabend Schubert de Julian Prégardien accompagné au pianoforte par András Schiff au festival de Salzbourg 2024.
    Franz Schubert (1797-1828)
    Sonate pour piano en sol majeur D 894
    Die schöne Müllerin
    Textes de Wilhelm MĂĽller
    Julian Prégardien, ténor
    András Schiff, piano

     


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