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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Falstaff de Verdi dans la mise en scène de Dominique Pitoiset, sous la direction de Michael Schønwandt à l’Opéra de Paris.
RĂ©jouissant hommage
Rentrée avec bonne humeur à l’Opéra de Paris avec le Falstaff d’Ambrogio Maestri. Le chanteur entraîne avec lui des collègues parfois curieusement distribués. La mise en scène de Dominique Pitoiset demeure très vivante mais son évocation de la forêt de Windsor reste fruste. Qu’importe, la direction vive et élégante de Michael Schønwandt emporte tout dans son joyeux sillage.
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Que le lecteur nous pardonne de débuter cette première chronique de la saison par un souvenir personnel : Michael Schønwandt est le chef du premier opéra que nous ayons vu en scène, l’Alceste de Gluck à Garnier un soir de mai 1985. Préparé à mort par l’écoute du disque de Serge Baudo, nous n’avons pas été déçu, loin de là , par l’ouverture jouée par l’orchestre. Près de quarante ans plus tard, le même chef procure dans Falstaff une satisfaction au moins comparable.
Pour cette rentrée, l’Orchestre de l’Opéra frétille sous sa baguette fluide comme un banc de gardons, en particulier la petite harmonie vif-argent. Les tempos du Danois n’ont rien à envier à ceux des meilleures versions, une réelle gageure sur scène. Les musiciens le suivent sans aucune raideur et trouvent d’innombrables raffinements de couleurs, du pastel le plus tendre au bleu nuit le plus capiteux. Le commentaire orchestral passe en un éclair de la moquerie à la mélancolie, à l’image du Falstaff personnifié par Ambrogio Maestri.
On ne sait combien de centaines de représentations de son rôle fétiche a pu donner le baryton italien. Ce soir, l’articulation reste confondante et si le haut du registre paraît avoir perdu inévitablement de son lustre, le reste de la tessiture sidère par sa plénitude et sa souplesse. L’art des mots au cœur de cette magistrale incarnation se pare d’inflexions également musicales. Rien ne semble forcé, au contraire de ce que l’on entend du chant d’Andrij Kymach à qui revient Ford.
Le baryton ukrainien paraît amoindri par les difficultés réelles de sa partie : le timbre sonne uniforme et la prononciation à la peine. Heureusement, les joyeuses commères n’ont aucune faiblesse de la sorte, en particulier Marie-Andrée Bouchard-Lesieur qui tient la partie de Meg avec finesse, plaçant parfaitement sa voix délicieusement timbrée dans les ensembles virevoltants. Marie-Nicole Lemieux présente une nouvelle fois avec succès son opulente Quickly.
Le choix d’Olivia Boen en Alice Ford surprend puisqu’elle chante cette saison Pamina et Sifare. Celui de Federica Guida en Nanetta aussi puisqu’elle sera la Marguerite de Faust ! De fait, la première sonne bien trop légère dans le médium et parfois acidulée dans les aigus, tandis que la seconde ne parvient pas à alléger sa voix au point qu’on croit difficilement à son personnage de jouvencelle sans parler du travestissement en reine des fées. Du reste la soprano sicilienne ne résiste pas à s’imposer au détriment de ses comparses dans les dernières mesures de l’irrésistible fugue finale.
Dans ce contexte, on ne reprochera pas au Fenton de Iván Rivas de manquer un peu de rêverie. Les autres rôles masculins bien tenus et les chœurs aussi vivants que précis n’appellent aucune réserve. Enfin le choix de cette énième reprise du travail de Pitoiset pour honorer la mémoire de Hugues Gall, directeur de la maison de 1995 à 2004 permet de rappeler que la très grande majorité des productions créées sous son mandat ont été reprises maintes fois.
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Opéra Bastille, Paris Le 10/09/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise de Falstaff de Verdi dans la mise en scène de Dominique Pitoiset, sous la direction de Michael Schønwandt à l’Opéra de Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Falstaff, comédie lyrique en trois actes (1893)
Livret d’Arrigo Boito d’après Shakespeare
Orchestre et chœur de l’Opéra national de Paris,
direction : Michael Schønwandt
mise en scène : Dominique Pitoiset
décors : Alexandre Beliaev
costumes : Elena Rivkina
éclairages : Philippe Albaric, adaptées par Christophe Pitoiset
préparation des chœurs : Alessandro Di Stefano
Avec : Ambrogio Maestri (Falstaff), Andrij Kymach (Ford), Iván Rivas (Fenton), Gregory Bonfatti (Dottore Cajus), Nicholas Jones (Bardolfo), Alessio Cacciamani (Pistola), Olivia Boen (Mrs Alice Ford), Federica Guida (Nanetta), Marie-Nicole Lemieux (Mrs Quickly), Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Mrs Page). | |
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